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Immersion dans un kaleidoscope de pastels sombres
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Lorsque j’ai découvert LIGHTLESS en 2022 grâce à son EP live, je me suis dit qu’avec ses morceaux d’une durée moyenne de douze minutes, le groupe aimait bien développer ses thèmes. Sur leur nouvel opus, A Foreseen Loss, cette durée moyenne n’est pas respectée et passe à vingt minutes. Concrètement, cela donne un titre par face sur les quatre face du double album. Eh oui, nous sommes bien aux antipodes des standards de la radio et il n’y a aucune chance d’en voir émerger un tube de l’été, d’autant que pour une étrange raison le blackened doom metal n’a qu’une très faible propension à nourrir les succès populaires et estivaux.
Sur une architecture très post-metal, chaque titre est composé d’un enchaînement de mouvements qui vous attirent au fil de leur développement dans un état de conscience second, teinté d’un kaléidoscope de pastels sombres, où vous regardez des formes massives se métamorphoser dans l’obscurité. Elles vous cernent, vous oppressent, vous enveloppent, vous subjuguent sans que vous ne puissiez rien empêcher. L’expérience est totalement immersive dans cet environnement sonore en constant mouvement : shoegaze minimaliste d’un black atmosphérique, doom pachydermique, sludge puissant et débridé.
Les guitares sont parfois écrasantes, parfois bourdonnantes, et d’autres fois se muent en lamentations déchirantes. Les cordes subissent tous les traitement imaginables, attaquées, pincées, titillées ou caressées d’un interminable archet. La basse est massive et accordée sous la ligne de flottaison. La batterie est souvent utilisée parcimonieusement, à la recherche de ce contraste de luminosité obtenu par le jeu simultané de cymbales et de toms basses, ou bien exécute des patterns tribaux majoritairement martelés sur des tempos très lents, ou encore, lorsque le besoin s’en fait sentir, construit d’impénétrables murs de son. La voix, elle aussi, est exploitée comme leurs instruments, sur un très large spectre du registre de l’horreur : cris décharnés, growl d’outre-tombe ou murmures psalmodiés.
Qu’il s’agisse de la psychologie de l’individu ou du comportement des sociétés à l’échelle planétaire, le tableau que dresse Dr. Christian ENGELMANN est particulièrement sombre. Nous pourrions même y déceler une pointe de misanthropie. En réalité, diplômé dans les sciences de l’environnement, notre ami a une vision pessimiste sur l’avenir de l’humanité. Quoiqu’il en soit, le lexique et le narratif est en totale adéquation avec les ambiances sonores.
Pour cet album plus que pour n’importe quel autre je pense qu’expérimenter l’écoute est le seul moyen de se faire une idée. Je dis ceci en raison du caractère hautement immersif de cette musique, or la profondeur de cette plongée ainsi que le plaisir que chacun pourra en retirer seront infiniment variables en fonction des goûts et des attentes de chaque auditeur. La raison étant que le metal de LIGHTLESS est en constante évolution d’un mouvement à l’autre, minimal ou massif, harmonique ou chaotique, mélodique ou brutal… pour moi c’est un régal.
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LIGHTLESS est composé de : - Dr. Christian ENGELMANN, guitare et chant ; - Martin HEIDLER, batterie ; - Marc Odin KADE, Basse et chœurs.
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Discographie : - 2022 : Descent To Insignificance - (EP Live) ; - 2025 : A Foreseen Loss - (2LP).
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Extrait d’A Foreseen Loss : - Malicious Hopes Turned To Dust : Cliquez ici !
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