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Hosanna, au plus haut du death doom classique
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Dans la seconde partie des années 90, j’étais attentif à la fois aux sorties du label français Holy records et à la scène grecque, ayant été conquis par des groupes comme ROTTING CHRIST, NECROMANTIA, NIGHTFALL ou SEPTIC FLESH. Pourtant, en 1995, je n’étais pas parvenu à me connecter avec le premier album d’ON THORNS I LAY, Sounds Of Beautiful Experience. L’orientation gothique du Doom pratiqué par le groupe – qui allait s’accentuer par la suite – me paraissait bien trop généralisée à l’époque. Du coup, j’avais ignoré les suites discographiques des Athéniens, lesquelles furent pourtant prolifiques, avec pas moins de six albums entre 1995 et 2003. Après une interruption, ON THORNS I LAY a remis son cilice en 2015 avec l’album Eternal Silence, suivi par Aegean Sorrow (2018) et par Threnos (2020).
Comme dans les meilleurs mélodrames hollywoodiens, on retrouve notre adolescent torturé (et un tantinet suiviste, disons-le franchement) dans une magistrale et vivace – donc sincère – posture assumant la colère et la menace volcaniques, propres au Death Metal, l’angoisse et la douleur, typiques du Doom Death Metal originel (PARADISE LOST, MY DYING BRIDE d’abord, puis TIAMAT, ANATHEMA, CREMATORY et trop d’autres). Authentique retour à des racines profondes – celles des premières influences, plutôt que des premiers albums -, cet album sans titre sonne comme une démonstration magistrale de ce que devrait être le Death Doom aujourd’hui, dépourvu de toutes les pulsions évolutives, de toutes les hybridations, de tous les apports. Que l’on me comprenne bien, je suis favorable à tous les dépassements de tous les classicismes. Par contre, quand un groupe renoue ostensiblement avec des pulsions primitives, il faut savoir acter et juger ce mouvement pour ce qu’il est, au moment où il se produit.
Dans ce retour aux origines premières, le combo athénien refuse toute caricature. Multiplions les exemples, afin de rendre compte, le plus fidèlement possible du prodige effectué par ON THORNS I LAY. En commençant par le registre vocal. Même si le registre adopté privilégie ostensiblement une approche féroce et percutante, fort ponctuellement proche du Black Metal, le rendu global demeure très articulé, riche en variations expressives, du moins autant que peuvent le permettre les limites inhérentes au genre. Qui plus est, cette approche impérieusement rugueuse se trouve fort ponctuellement mise en contraste avec du chant féminin clair (sur l’introduction du titre inaugural, Fallen From Grace) et des jappements aigres typiques du Black Metal (Newborn Skies).
Le lourd et granitique versant instrumental se trouve fort judicieusement ponctué et aéré par des arrangements de claviers, de guitare en son clair, de fort classiques (mais toujours aussi porteurs) inserts de guitares électriques mélancoliques, qui tranchent idéalement avec des riffs pesants et raides, dûment soutenus par une section rythmique puissante et dynamique. Sans oublier ces solos de guitare, à la fois techniques, volubiles et totalement porteurs d’émotions. L’ensemble de ces éléments vocaux et instrumentaux, à la fois si divers et si complémentaires, se trouve agencé à la perfection, notamment grâce à la durée conséquente de la majorité des compositions. Quand vous bénéficiez de sept à huit minutes pour développer votre propos et que vous avez l’expérience et le recul nécessaires pour agencer avec le maximum d’efficacité les éléments majeurs et leurs additifs, vous pouvez devenir foncièrement ravageur.
N’y allons pas par quatre chemins : vingt-huit ans après son premier album, ON THORNS I LAY m’a totalement conquis et représente pour moi l’exemple idéal d’un groupe de Death Doom Metal, s’il fallait faire découvrir ce sous-genre à un.e impétrant.e. Une pure pépite classique : vibrante, ultra-maîtrisée, débordant d’émotions négatives poignantes.
Vidéo de l’album : cliquez ici
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