Métal Intégral - Chronique / CITIES OF MARS

Un coup de mars et ça repart !

La plupart des groupes se forment parce que leurs membres souhaitent avant tout prendre du plaisir, les objectifs plus structurés et plus ambitieux ne venant que plus tard. Dans le cas de figure de CITIES OF MARS, nous avons affaire à un trio - Danne PALM (basse et chant), Christoffer NOREN (guitare et chant) et Johan KÜCHLER (batterie et chœurs) - qui avait une idée bien arrêtée en unissant ses forces en 2015. Une idée qui va bien au-delà de la musique puisqu'un concept parcourt tous les enregistrements du trio, depuis le premier single deux titres The Third Eye/Cyclopean Ritual (2015 jusqu'à ce premier album Temporal Rifts, en passant par le EP Celestial Mistress (trois titres en format vinyle). En l'occurrence, chaque composition de CITIES OF MARS narre les tribulations dans les années 70 d'une cosmonaute du KGB, envoyée en mission sur Mars, puis happée dans les rets d'un complot. Bref, le groupe développe un univers de Science-Fiction sérieusement bâti, à défaut de se prendre au sérieux.

Mais l'essentiel demeure bien entendu la performance musicale de CITIES OF MARS. la biographie fournie par la maison de disques n'hésite pas à revendiquer des influences diverses mais haut de gamme, à savoir MASTODON, TOOL, THE SWORD et THE OBSESSED. Pas moins ! Voyons si l'évocation de ces mânes puissantes se justifie...

Les quatre formations fameuses citées ont en commun une capacité à combiner rythmiques lourdes, structures tortueuses, ambiances torturées, équilibre entre lumière mélodique et obscurité existentielle. Peu ou prou, ces dimensions imprègnent également les cinq titres de ce court premier album. Sur des tempos généralement lents ou médium, une basse métallique apporte une épaisseur rythmique enrichie par un jeu de batterie intense (sécheresse de la caisse claire mais prodigalité des cymbales). Sur ce canevas puissant, la guitare pose des riffs sévères, légèrement grésillants, parfois porteurs d'une dimension subtilement Sludge ; elles n'hésite pas à glisser quelques inserts dissonants ainsi que des enjolivures mélodiques bienvenues dans cet environnement somme toute aride.

Si chaque séquence rythmique mise avant tout sur la simplicité et l'efficacité, les compositions recèlent toutes des changements de rythmes, de mutations d'ambiances, des imbrications de plages complémentaires qui forment au final un paysage mouvant, relativement complexe, tout en sinuosités.

Reste à évoquer les vocaux à deux gorges. Avec des nuances de timbres, ils évoluent dans une similarité de registre : rauques mais intelligibles et articulés, ils expriment en permanence une colère teintée de douleur qui évoque tout l'héritage de la scène Post-Hardcore. Peut-être que la diversification de ces vocaux constituera à l'avenir une piste de développement.

Une autre dimension porteuse de promesses futures me semble être la présence, encore discrète de séquences atmosphériques - essentiellement à base de guitare et de claviers - qui apportent une touche presque psychédélique tout à fait pertinente dans ce contexte austère.

En somme, Temporal Rifts dévoile un groupe déjà sûr de son fait, cohérent dans son propos, fort dans l'interprétation. Une première brique pour construire une identité encore plus personnelle. Vivement la suite des aventures de notre envoyée du KGB dans l'espace !

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