Métal Intégral - Chronique / HAMMERHEAD

Nwobhm forever

Preuve que la New Wave Of British Heavy Metal n'est pas qu'une référence mythique relevant de la mythologie ou de la muséologie, le HAMMERHEAD dont il est ici question est Anglais et contemporain de cette brève période de la toute fin des années 70 et du tout début des années 80 qui vit le Heavy Metal britannique ressurgir dans une version plus ramassée, plus énergique que dans les années 70. on sait ce qu'il advint de quelques formations fameuses mais la plupart des groupes de cette époque sont retombés dans l'oubli. Sans toutefois perdre la foi en ce qui concerne HAMMERHEAD...

Le groupe n'avait à l'époque sorti que deux démos (en 1978 et en 1984) et un single (en 1981), tous enregistrements finalement compilés en 2005 sur l'album Will To Survive. Cette compilation fut immédiatement suivie par un premier véritable album, Headonizm. Cela aurait pu n'être qu'un feu de paille mais, une décennie plus tard, arrive un successeur, The Sin Eater. Étonnant, non ?

Tant du point de vue du son que du style, HAMMERHEAD semble se contrefoutre de se situer dans les paramètres en vigueur actuellement. Du fait d'une prise de son très live et donc sans fioritures, la production de The Sin Eater semble assez plate, pas forcément très agressive. Cela dit, l'avantage de ce type de son (outre sa dimension assurément vintage !) est qu'il octroie une grande clarté pour chaque instrument. Ici, la section rythmique n'ensevelit ni les guitares, ni le chant sous une avalanche sonore. De même, le tempo est généralement assez modéré, les riffs sont petits et très secs la plupart du temps, le chant ne tente rien d'acrobatique mais module dans un registre assez restreint.
Même si les rythmiques demeurent assez basiques, le groupe ne rechigne pas à les agencer dans des compositions relativement longues. Pas un titre ne dure moins de six minutes et deux d'entre eux franchissent le cap des dix minutes. Sur le plan stylistique, HAMMERHEAD affectionne un Heavy Metal assez inspiré par le BLACK SABBATH du début des années 80 ; ainsi, le menaçant Angels Fall qui ouvre cet album rappelle furieusement Heaven And Hell, avec son début lent et majestueux et son accélération irrésistible finale. Les dix minutes de The Sin Eater alternent les séquences paisibles, dominées par un chant doux et une guitare acoustique, et des moments plus intenses portés par de gros riffs menaçants. Raindancer se structure autour d'un tempo lent et hypnotique, d'une rythmique menaçante
Frôlant les neuf minutes, Faithless début sur un mode doux et mélodique avant de s'épaissir tout en nuances, avec un rendu presqu'épique. Behind Your Eyes est une ballade Heavy classique mais prenante (c'est beau comme du UFO).
Avec son riff de guitare slide, Closer To The Grave est une sorte de Boogie Hard tendu, là encore à la mode UFO : simple mais efficace.
Psilocybin est le pic de cet album (presque treize minutes !) et offre un contraste bienvenu puisque les guitares se font plus hendrixiennes, plus subtiles. Le morceau est ponctué par un long passage instrumental riche en bruitages étranges et glaçants, porteurs d'un psychédélisme plutôt sombre. Une guitare acoustique, bientôt rejointe par une voix récitant un texte sur un ton angoissé et extatique, conduit à un très beau final qui gagne en densité avant de se conclure dans une douceur exquise.

De nos jours, un album comme The Sin Eater apparaît forcément comme une curiosité décalée mais, en dépit de son côté daté et de certaines imperfections, je trouve qu'il dégage un charme certain.

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