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28/09/2010
Abinaya
ABINAYA
 
J'ai tellement craqué sur son second CD, Corps, chroniqué en ces colonnes par notre ami Rémifm, que je souhaitais pouvoir écouter le premier album de ABINAYA, pressé à 500 exemplaires et paru en 2004. Je tiens donc ici à remercier le groupe de me l'avoir envoyé aussi rapidement et sans poser de conditions. C'est avec d'autant plus de plaisir que je chronique cet album qui, vous serez prévenus, n'est pas du tout facile à ingurgiter et n'a rien de commun avec son successeur.

Au départ, en 2003, ABINAYA était composé de 5 musiciens: les deux membres fondateurs Igor ACHARD (chant et guitares) et Nicolas HERAULT (percussions) ainsi que le bassiste Cyril GOSSELIN, le batteur Antoine GUILLOCHER et l'harmoniciste Stéphane PEDON. Une formation qui n'a rien de commun avec un groupe traditionnel de Metal. Et pour cause: il n'y a guère ici de Metal à proprement parler puisque l'on navigue dans un univers Rock aux sonorités variées, proches parfois de ce que l'on appelle "World music".

Les premiers sons de ce CD font retentir le djembé. On sait dès lors qu’on ne va pas écouter un album de rock "traditionnel". Les guitares sont à la fois saturées et simples. Le chant d'Igor rappelle celui de Bertrand CANTAT (NOIR DESIR). La musique souvent torturé rapelle tout autant TELEPHONE que NOIR DESIR , sentiment que confirme l’harmonica sur le pont et qui reviendra à maintes reprises (Frères d’Art, Départs…). Roulement de batterie simple et guitare bluesy en intro de Les Taulard (à celui qui passe dehors), la voix résonne comme si le chanteur sse trouvait enfermé, à "8 par cellule", un chiffre que Bernie avait sous estimé plus de deux décennies auparavant. Le travail sur les paroles est déjà important, sans toutefois pouvoir, avec ce premier album, rivaliser avec TRUST. Il y a malgré tout beaucoup de poésie, de romantisme et de mélancolie dans ces textes qui laissent entrevoir de grandes possibilités. Alter Ego est un titre calme avec une simple guitare sèche et quelques percussions. Calife De Ton Corps offre le premier riff sérieux, le titre mélangeant guitares hargneuses et douceur rassurante. Il manque pourtant quelque chose pour vraiment me convaincre. Départs n’a rien de rock, et me fait plus penser à un retour au pacifisme gentillet des 70’s, le psychédélisme en moins, tout comme les guitares de Mon Seul Soleil. Le Feu, avec son bottleneck nous transporte au pays du Southern Rock, l’intro de Gazoline qui suit flirtant plus avec la country… Le long morceau live qui conclue ce premier album, Les Mains D Ndyouf, montre un groupe qui veut prouver son éclectisme; ABINAYA peut tout jouer, mais le public est-il prêt à tout entendre ?

Avec ce premier essai, un album aux influences variées, ABINAYA fait preuve d’une approche originale de sa musique grâce à la présence inhabituelle de percussions et de l’harmonica, sans toutefois parvenir à trouver son identité. Ce CD est une curiosité, qui mèle "chanson à texte", guitare mélancolique à pas mal de rock et un peu de metal. Ce premier essai a le mérite de nous permettre de suivre l’évolution d’un groupe qui se trouvera bientôt et qui ose et teste en attendant son heure. Un album à conseiller à tous les curieux, mais un album difficile qui ne plaira pas forcément à ceux qui ont craqué sur Corps, un des meilleurs albums de Metal français de tous les temps. Le changement réel se fera lorsque Igor ACHARD et Nicolas HERAUD décideront de rester seuls maitres d’ABINAYA en recrutant Nicolas VIEILHOMME, le batteur à la double grosse caisse, et le bassiste brésilien Andreas SANTOS et ses aspirations tribales.
metalmp
Date de publication : mardi 28 septembre 2010