Au même titre que leurs compagnons de label SAVIOURS, les Américains de THE SWORD (à ne pas confondre avec le groupe canadien SWORD qui sortit deux albums dans les années 80) ont en tête de ressusciter le Heavy Metal dans sa pureté originelle. De bonne facture, leurs deux premiers albums, Age Of Winters en 2006 et Gods Of The Earth en 2008, s’avéraient solides, honnêtes mais finalement peu à même de constituer une relève des grand aînés du genre. La faute à une tendance à privilégier une occupation systématique de tout l’espace sonore et à ne pas présenter des compositions suffisamment personnelles et mémorables.

Après leur tournée en ouverture de METALLICA, les petits gars de THE SWORD ont compris la nécessité impréieuse pour eux de franchir une étape qualitative. Le guitariste et chanteur John CRONISE, véritable cheville ouvrière du groupe (il compose et écrit tout et avait produit les deux premiers opus), a sagement décidé de confié la production à Matt BAYLES, qui a déjà travaillé notamment avec MASTODON, ISIS, BURNT BY THE SUN ou même PEARL JAM. Sage décision puisque ce spécialiste des musiques lourdes, complexes, mais fortement charpentées et clairement exposées, a conféré au Heavy Metal de THE SWORD une lisibilité de tous les instants, une puissance effarante, une vitalité jamais prise en défaut (l’énergie du live est omniprésente), une profondeur gage de richesse.

Cela dit, cette somptueuse mise en forme ne serait rien si John CRONISE n’avait pas tout à la fois pondu ses meilleures compositions à ce jour et emmené son groupe aux confins du Heavy Metal et du Hard Rock seventies. Les sonorités vintage apportent des couleurs plus variées et une chaleur salutaire. Moins massifs que précédemment, les riffs sont plus acérés, plus percutants, soutenus massivement par une basse énorme ; les soli et les harmonies décochées par CRONISE et son compère Kyle SHUTT renvoient aux belles heures du Hard Rock des années 70. Une mention spéciale doit aller au batteur Trivett WINGO qui, tout en tenant solidement le rythme, multiplie les roulements de toms et les explosions de cymbales, apportant un sentiment d’urgence, une dynamique de tous les instants. Les vocaux de CRONISE sont chantés, posés sur des lignes de chant travaillées et mélodiques, déroulant des textes conceptuels relevant de la science fiction héroïque.

Résumons : une production infernale, des compositions tueuses, une interprétation classieuse, ajoutons un superbe livret illustré par le très talentueux Dan McPHARLIN (cliquez ici), et nous pouvons conclure que nous tenons là un très grand album, un des plus excitants depuis très longtemps. Acquisition et écoute religieuse exigées !

Alain
Date de publication : dimanche 3 octobre 2010