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04/10/2010
The golden bough
ATLANTEAN KODEX
 
Parmi les genres musicaux modernes, le Heavy Metal continue d’être l’un des plus puissants véhicules pour l’imagination. Prenons tout d’abord la peinture qui illustre le livret du premier CD de ATLANTEAN KODEX, jeune formation germanique : une des cinq versions de « L’Île des Morts » (à noter que le label annonce qu’il s’agit-là de la 4ème version alors que celle-ci a été détruite lors d’un bombardement ; il s’agit de la version de Berlin, soit la 3ème) par le peintre suisse du XIXème siècle Arnold BÖCKLIN, adepte du symbolisme. Admirer cette oeuvre crépusculaire, c’est se laisser happer par une transcendance puissante.

Intéressons-nous ensuite au concept ambitieux de cet album qui ne l’est pas moins : dans son fondateur « Rameau d’or », l’anthropologue écossais James George FRAZER mettait en relief les permanences dans les mythes et les rituels religieux à travers le monde. Chez ATLANTEAN KODEX, la civilisation perdue de l’Atlantide fait office de métaphore de matrice religieuse unique.

Nous en arrivons à ce qui nous intéresse au premier chef : la musique. Dès les premières mesures du titre d’ouverture, le long et épique Fountain Of Nepenthe (dix minutes au compteur), on sursaute en entendant cette batterie gigantesque et métronomique en appui à des riffs saccadés littéralement accolés à des lignes de basse très sèches : le grand MANOWAR de l’époque Hail To England aurait donc oublié d’être ridicule et serait revenu à ses premières amours ? L’arrivée du chant haut perché de Markus BECKER nous détrompe : pas mauvais, mais pas toujours très juste ni assez ample pour souffrir la comparaison avec Eric ADAMS. Pas grave, l’ambiance est bien là.

D’autant plus que la pesanteur de l’ensemble ainsi que les choeurs nombreux (indispensable renfort qui consolide l’édifice vocal) amènent dans les parages les références du BATHORY de Hammerheart et de Twilight Of The Gods. On tutoie le grandiose à de très nombreuses reprises, on est très loin du quotidien sinistre et de la pratique par trop routinière du Heavy Metal contemporain. Ceci est particulièrement vrai pour le tentaculaire A Prophet In The Forest, pavé de plus de 15 minutes dont on ne ressort pas indemne.
Oeuvrant dans un registre majoritairement lent et lourd, ATLANTEAN KODEX n’hésite pas à sortir la double grosse caisse et à accélérer sur Disciples Of The Iron Cross ou The Atlantean Kodex, défonçant tout sur son passage.

En dépit de certaines imperfections (principalement le chant et un mixage parfois un peu confus pour une production très puissante), The Golden Bough est une oeuvre très forte, extrêmement évocatrice, propre à revivifier une certaine tradition d’un Heavy Metal épique et fier de l’être.
Alain
Date de publication : lundi 4 octobre 2010