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20/05/2011
Call to arms
SAXON
 
Le monde compte un grand nombre de nouvelles formations aussi assoiffées que des jeunes loups aux dents longues qui semblent parfois ne pas comprendre que les chefs de meute ne sont pas prêts à céder leur place. Loin de là, même…

Le regain de jeunesse que connait aujourd’hui SAXON ne se traduit pas que sur scène (cf. le Live report et interview: Live Report SAXON Paris). Son nouvel album, le superbe Call To Arms, renoue avec les codes du genre qui ont fait le succès du groupe au cours des années 80. Prenez le meilleur des premiers albums, jusqu’à Crusader, environ, agitez le tout et ajoutez une touche de son moderne. Vous obtiendrez Call To Arms, le 19ème enregistrement studio de SAXON.

Originellement prévu dans les bacs le 23 mai, ce CD subit, comme d’autres ces derniers temps, un retard d’environ une semaine, le quintette souhaitant peaufiner le produit final afin d’offrir un package complet à son public. Si Biff BYFORD (chant) ne peut contractuellement révéler quels seront les bonus de cet album (un CD ou DVD supplémentaire n’est pas à exclure), il se pourrait que l’on puisse enfin (re)découvrir les exploits de SAXON sur la scène des premiers Monsters Of Rock de Castle Donington de 1980. Patience donc, et rendez vous chez votre disquaire fin mai/début juin.

Call To Arms est donc décrit par son chanteur comme un album « retour aux sources ». SAXON, en réalité, ne fait que reprendre et améliorer ce qu’il sait faire de mieux, en agrémentant ses inspirations actuelles, celles de ses derniers albums en date (Lionheart, The Inner Sanctum et Into The Labyrinth) à ce qui a fait son succès sur les albums de la premières moitié des années 80. Démarrant avec un titre rapide et puissant, Hammer Of The Gods, SAXON lève le pied pour une chanson plus ambiancée, dans un esprit plus léger et festif avec un pre-chorus taillé pour la scène, Back In ’79, qui traite de l’explosion du Metal nouveau et de l’arrivée conquérante de la NWOBHM. Le début ressemble à s’y méprendre à l’introduction de Denim And Leather, qui rendait en son temps hommage au public. Les clins d’œil au passé sont d’ailleurs fréquents, et nous y reviendrons.
Biff BYFORD renoue également avec le chant hargneux et claquant des débuts, un chant plus « prolétaire », travailleur, avec gnaque et mordant. C’est évident dès Surviving The Odds, rapide et particulièrement Heavy, tandis que Mists Of Avalon, qui débute par une guitare et une voix lointaines prend rapidement toute son ampleur en enrôbant d’une aura qui se fait de plus en plus lourde, propose un rythme plus enlevé, plus Heavy mid tempo, dotés de belles mélodies et de malicieux arpèges judicieusement placés.
Call To Arms, le morceau titre, arrive comme un apaisement, et réussi à me prendre aux tripes un peu plus à chaque écoute. On sent clairement la gravité du propos – un "appel aux armes" n’évoque rien de moins que la guerre, bien qu’il puisse ici également s’agir d’appeler les troupes métalliques à la mobilisation au nom du Rock. La chanson est tout en nuances, à la fois rassurante et inquiétante.
Chasing The Bullet, qui suit, reprend cet esprit prolo qu’on trouvait sur Wheels Of Steel, avec une guitare au groove rythmé et efficace, et un son direct et tranchant.
C’est un Biff rageur qu’on retrouve sur le très speed et déterminé Afterburner (rien à voir avec ZZ TOP !) qui est une véritable invitation au headbanging et au dépoussiérage des guitares en carton. Si l’on pouvait croire que SAXON aurait pu lever le pied sur la seconde moitié, cette chanson indique clairement le contraire. Le repos n’est pas pour maintenant. Tiens, vous rappelez-vous que plus haut je vous ai promis de reparler de ces clins d’œil au passé ? SAXON n’hésite pas, sur When Doomsday Comes, à piquer le thème de base du Perfect Strangers de DEEP PURPLE (1984) ! Ca semble culotté, mais ça marche, le groupe brodant avec intelligence autour de ce thème toujours enjoué devenu depuis classique. Tant mieux, car les ambiances développées sur No Rest For The Wicked se rapprochent d’un univers horrifique et inquiétant avec ses guitares agressives et sa rythmique oppressante qui s’opposent au chant assez doux d’un Biff qui se veut rassurant. L’ensemble en est impressionnant et particulièrement réussi. L’album se conclue sur Ballad Of The Working Man, qui n’a de ballade que le titre. Car il s’agit simplement de Hard Rock dans la plus pure tradition, un morceau direct qui ne s’encombre pas de fioritures inutiles.
L’album se conclue par une version plus orchestrale de Call To Arms. SAXON se laisserait tenter, comme tant d’autres avant lui, par les sirènes de l’alliance « contre-nature » Metal/Classique ? Cette chanson se prête particulièrement à ces arrangements qui lui donnent une autre envergure. D’autres morceaux du groupe pourraient subir ce type de lifting sans honte.

Avec Call To Arms, SAXON envoie un message tant à son public qu’à d’autres, un message qui indique clairement que la formation, désormais stable, n’est pas prête à raccrocher les gants. Les voyages forment la jeunesse ? Alors, Messieurs, continuez de tourner afin de conserver cette forme qui vous permet de nous offrir – à nouveau – des albums qui méritent de rejoindre vos plus grands classiques. Incontestablement, ce dernier né s'inspire du glorieux passé du groupe, tant dans les compositions que dans l'ordonnancement des chansons qui évoque ce que l'on trouvait sur Strong Arm Of The Law ou Denim And Leather, par exemple: une entrée en matière 100% Heavy Metal, suivie d'une variété de rythmes et d'ambiances pour un résultat explosif. SAXON IS BACK, et pour de bon ! (en tout cas, je l'espère)

metalmp
Date de publication : vendredi 20 mai 2011