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15/01/2012
The great escape artist
JANE'S ADDICTION
 
Malgré quelque vingt-cinq ans d’activité, JANE’S ADDICTION n’avait pourtant réalisé, avant 2011, que trois albums, la carrière du groupe ayant connu de longues éclipses. Couronnés de succès commerciaux considérables, Nothing’s Shocking (1988), et plus encore Ritual De Lo Habitual (1990), ont d’emblée permis aux Californiens de marquer le Rock alternatif américain de leur empreinte. Cependant, contre toute attente, le leader Perry FARRELL dissout la formation en 1991. Sa réactivation est inscrite à l’ordre du jour en 1998, mais ne se concrétisera que cinq ans plus tard, avec la sortie de l’enthousiasmant Strays, qui comprend le hit Just Because.

Un long congé discographique débute alors, suite à la défection du bassiste originel Eric AVERY. En vue du futur album, JANE’S ADDICTION va alors user deux illustres remplaçants. Première recrue potentielle, l’ex-Gunner Duff McKAGAN participe au travail de composition, mais n’enregistre aucun titre. Le multi-instrumentiste David Andrew SITEK (TV ON THE RADIO), par ailleurs crédité sur la quasi-totalité des plages, intervient alors sur quelques morceaux, mais le poste échoit finalement à Chris CHANEY. Précédé de quelques mois par la diffusion de son premier extrait, End To The Lies, The Great Escape Artist paraît en novembre 2011.

Afin de produire ce nouvel opus, Perry FARRELL s’adjoint les services de Rich COSTEY, connu pour ses nombreuses collaborations, avec MUSE, FRANZ FERDINAND et WEEZER en particulier - pas exactement des références Metal. Ce choix original se traduit par la présence régulière de claviers, tenus soit par Dave NAVARRO, soit par Dave SITEK. On imagine aisément le trouble qui a pu saisir les fans… Ceux-ci seront soulagés dès le morceau d’ouverture. Underground est introduit par des nappes de synthétiseurs sur lesquelles se pose la voix - reconnaissable entre toutes - de FARRELL, suivie d’un riff massif de NAVARRO. The Great Escape Artist débute ainsi par un titre à la consonance Hard Rock : apparemment, le gang n’a pas opéré le virage Pop redouté !

L’écoute de l’album confirme rapidement cette impression. Si JANE’S ADDICTION réalise un album nimbé d’Électro, cette option ne dénature nullement le style du groupe, qui enrichit sa palette par des ambiances inédites. A cet égard, on peut retenir la construction de I’ll Hit You Back. Les couplets, dominés par les claviers, y créent une forte tension amenant idéalement l’explosion du refrain : on est ici en présence d’un hit immédiat.

Toutefois, ce nouveau chapitre discographique contient des plages qui rappellent fortement Strays. Tel est le cas de End To The Lies, et plus nettement de l’orientalisante Ultimate Reason, qui reposent essentiellement sur le jeu des guitares, Dave SITEK épaulant son camarade sur le premier nommé. Parfois, les parties de basse sont également mises en avant, comme peut en témoigner Curiosity Kills.

Enfin, on soulignera que JANE’S ADDICTION propose, ici encore, des morceaux mélodiques et généralement très efficaces. Outre les déjà cités Underground et I’ll Hit You Back, on pense à Splash A Little Water On It. Ce titre ne sort pas immédiatement du lot, mais s’impose après quelques écoutes, notamment grâce à la performance poignante du chanteur. La tentative Punk / Glam Words Right Out Of My Mouth mérite aussi notre attention. The Great Escape Artist constitue donc un album de haute tenue, sur lequel seul Irresistible Force (Met The Immovable Object) paraît quelque peu banal. L’inspiration demeure donc au rendez-vous. Dès lors, on ne peut que souhaiter que Perry FARRELL et sa troupe accroissent le rythme de leurs enregistrements !
Chouman
Date de publication : dimanche 15 janvier 2012