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09/03/2012
A brief crack of light
THERAPY?
 
Véritable institution du Rock alternatif, THERAPY? mène depuis plus de deux décennies une carrière des plus prolifiques. A Brief Crack Of Light constitue en effet le treizième album du groupe de Belfast. Fondé en 1989, il prend assez rapidement un essor qui se mesure aux labels publiant ses disques. Après que Wiiija, structure indie londonienne, a inscrit à son catalogue un premier EP Babyteeth (1991), puis son successeur de même format, Pleasure Death (1992), THERAPY? voit s’ouvrir les portes du mainstream en obtenant un contrat avec A&M. Deux ans plus tard, les Nord-Irlandais connaissent la consécration avec Troublegum, dont pas moins de cinq titres entrent dans le Top 40. Faisant aujourd’hui encore référence dans la discographie du groupe, il offre un cocktail explosif de Punk, Pop et Metal, contrastant avec ses premières amours Hardcore, marquées par les influences de SONIC YOUTH ou HÜSKER DÜ. Une longue lignée d’albums s’amorce, qui comprendra notamment les acclamés Suicide Pact – You First (1999) et Crooked Timber (2009).

Sur A Brief Crack Of Light, premier album enregistré pour Blast Records, THERAPY? s’appuie toujours sur le noyau de membres fondateurs Andy CAIRNS (chant et guitare) / Michael McKEEGAN (basse), complété par Neil COOPER - troisième batteur du groupe après Fyfe EWING et Graham HOPKINS - fidèle au poste depuis 2002. Il est produit par les musiciens eux-mêmes, assistés d’Adam SINCLAIR, collaborateur des NEW YORK DOLLS.

Selon CAIRNS, A Brief Crack Of Light est construit autour du thème de l’absurdité de la condition humaine. Son intitulé est emprunté à une citation de l’écrivain Vladimir Nabokov : « The cradle rocks above an abyss, and common sense tells us that our existence is but a brief crack of light between two eternities of darkness. » L’album propose des ambiances particulièrement appropriées, à commencer par le morceau d’ouverture et premier single, Living In The Shadow Of The Terrible Thing : la menace contenue dans son titre est fidèlement exprimée par les guitares des couplets. Les plages sont élaborées sur des riffs tendus, à l’image d’un Plague Bell d’inspiration Hard Rock, voire véritablement angoissants (Ghost Trio).

En développant un tel climat, THERAPY? pourrait décontenancer, voire rebuter l’auditeur. Pourtant, paradoxalement, A Brief Crack Of Light se révèle extrêmement addictif. Vous ne tarderez pas à être conquis par les riffs, dissonants (l’imparable final de Plague Bell) ou déjantés (The Buzzing). La puissance mélodique se retrouve également sur les titres plus légers, à l’image de l’intriguant Get Your Dead Hand Off My Shoulder.

On peut également louer la richesse des textures créées par le groupe, qui apparaît d’autant plus remarquable s’agissant d’un trio. Ainsi, The Buzzing repose essentiellement sur une section rythmique qui le fait vivre admirablement. Il en de même, dans une moindre mesure, des couplets de Before You, With You, After You, sur lesquels le jeu de COOPER tient une place équivalente à celle de la rythmique « mutée » de CAIRNS. Accentuée par la production, cette approche peut rappeler l’optique suivie par un autre trio célèbre, PRIMUS, sur son récent Green Naugahyde.

Enfin, au moyen de A Brief Crack Of Light, THERAPY? continue d’affirmer une très originale personnalité. Les si nombreuses catégories du Rock et du Metal semblent ne pas suffire à qualifier certains titres. Stark Raving Sane passe ainsi pour un cousin éloigné des fondateurs de la famille Punk Hardcore. Quant à Ecclesiastes, il conclut l’album par l’expression « everything under the Sun », inlassablement répétée d’une voix lointaine sur fond de batterie électronique. Sur son site officiel, le groupe se présente par la formule suivante : « We are THERAPY? helping the afflicted since 1990. » On imagine aisément que cette nouvelle consultation emportera l’adhésion inconditionnelle desdits « patients ».
Chouman
Date de publication : vendredi 9 mars 2012