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11/05/2012
Gotten gains
ILL
 
Trio américain créé en 2005, ILL opte, au moment de baptiser son deuxième album, pour un titre astucieux. Accolé au nom d’artiste, celui-ci forme en effet l’expression « ill gotten gains », qu’on peut traduite par « biens mal acquis ». Il ne s’agit pas, ici, de dénoncer le scandale impliquant des chefs d’État africains enrichis au détriment de leur peuple. En revanche, on ne peut exclure une allusion au choix, effectué par le groupe, d’un label underground. ILL a ainsi refusé une offre fort lucrative d’une major, Universal Records, préférant autoproduire son premier disque Down In Deep (2009). Le groupe est à présent hébergé par la structure néerlandaise GlassVille Records, qui publie en 2012 Gotten Gains, dont la pochette rappelle celle d’Alice In Chains, également connu sous le nom de « Chien à trois pattes ».

One Time, premier contact avec l’album, révèle immédiatement de fortes influences Hard Rock. Son mix, particulièrement équilibré, accorde une place équivalente aux riffs puissants de Ryan WATERS qu’à la batterie de Marlon PATTON - ce dernier constitue à lui seul la section rythmique de ILL, qui ne comporte pas de bassiste. En ce qui concerne le chant, Damion GOODPASTER et WATERS démontrent leur aisance en matière d’aigus. Le feeling développé sur One Time est confirmé par les titres A et There Are Worse Things Than Being Alone, qui présentent des traits similaires.

Si efficaces et séduisantes qu’elles soient, ces trois premières plages ne font nullement apparaître la musique de ILL comme très originale. Plus loin dans l’album, on rencontre cependant une nette inflexion vers de nouvelles tendances. Bitch se pare par exemple de Rock alternatif, quand Castration tend vers le Punk. Celui-ci est par ailleurs marqué par un superbe pont, aux lourdes guitares, qui compose un climat rappelant les meilleurs moments de SOUNDGARDEN. Le groupe d’Atlanta fait donc valoir une personnalité plus riche qu’on ne le soupçonnerait au premier abord. La longue ballade atmosphérique Christine, remarquablement chantée, constitue un autre argument en faveur de cette idée.

La recherche de singularisation s’accroît encore à la fin du LP, la reprise du Pearls de SADE faisant figure de point culminant. Toutefois, ce choix n’est pas si surprenant qu’il n’y paraît, quand on sait que Ryan WATERS tient également la guitare au sein du groupe de tournée de l’artiste Soul anglo-nigériane. La relecture proposée par ILL se révèle fort agréable ; on n’en dira pas autant de Gold And Opal ou du dispensable Interlude. Cette réserve empêche certes Gotten Gains d’atteindre l’excellence, mais l’album n’en demeure pas moins des plus recommandable.

Line-up :

Damion GOODPASTER : synthétiseur, piano, chant
Marlon PATTON : batterie
Ryan WATERS : guitare, chant
Chouman
Date de publication : vendredi 11 mai 2012