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06/02/2013
Mourning
BOLDER DAMN
 
Le label américain Shadow Kingdom revient vainqueur d’une chasse au trésor insensée. BOLDER DAMN était en effet une formation de Floride qui, en 1971, publia son seul et unique album, Mourning, pressé à... 200 exemplaires seulement. Les bandes originales ont disparu de longue date ; cette réédition a été par conséquent réalisée à partir d’un exemplaire vinyle et, à vrai dire, le résultat technique s’avère tout à fait convaincant.

1971 donc : le Garage Rock et le Rock psychédélique (ou Acid Rock) cèdent peu à peu la place à des formations outrancièrement électriques : le Hard Rock et le Heavy Metal s’imposent avec, en provenance de Grande Bretagne LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE ou BLACK SABBATH, les Etats Unis ripostant grâce à GRAND FUNK RAILROAD, MOUNTAIN, CACTUS ou ALICE COOPER.

BOLDER DAMN synthétisait tous ces styles déjà installés ou en développement. Conformément aux préceptes des grandes formations de l’Acid Rock, c’est la section rythmique qui assure majoritairement la puissance de feu : la basse développe un son énorme, avec un jeu en lead très présent (selon les modèles de Jack BRUCE de CREAM ou de Jack CASADY du JEFFERSON AIRPLANE) et la batterie ne tient pas en place, multipliant les interventions des cymbales et des toms. Les guitares occupent par contre le devant de la scène lors des soli incandescents, très saturés, bourrés de fuzz. Autre élément Acid, le chant de John ANDERSON, toujours mélodique même dans les passages nerveux, est souvent appuyé par des choeurs, comme chez JEFFERSON AIRPLANE ou SPIRIT.
Du Garage Rock, BOLDER DAMN a repris la concision et la nervosité. Trépidant et impétueux, le titre d’ouverture, BRTCD, rappelle même le fameux Kick Out The Jams du MC5.

Sur la plupart des morceaux, le groupe reprenait à son compte la pratique du Blues Rock et du Boogie redéfinis par le Hard Rock : il n’était plus question de tenter de recréer le son des grands ancêtres mais bien de l’emmener vers des rivages plus débridés.
Avec le dernier titre de l’album, Dead Meat, BOLDER DAMN propose sa pièce maîtresse, une longue pièce aux riffs menaçants, au tempo lourd, à l’ambiance poisseuse. Un peu l’équivalent du Black Sabbath de qui vous savez, du Black Juju d’ALICE COOPER, du D.O.A. de BLOODROCK. Un monument halluciné et tentaculaire qui fait culminer le malaise au-delà du quart d’heure : un authentique tour de force !

Pour apprécier cet album, il faut déjà avoir développé un goût et une curiosité par le Rock électrique du tout début des années 70. Il est évident que toute personne habituée uniquement aux critères sonores du Metal moderne sera frappée par la production sèche, par le son aigre. Il faut juste ne pas oublier que cette période charnière fut essentielle au développement de nos styles préférés. BOLDER DAMN prouve d’ailleurs qu’il existait déjà une scène underground développée et douée à l’époque.
Alain
Date de publication : mercredi 6 février 2013