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10/07/2013
Raise the curtain
OLIVA
 
Sous estimé et largement méconnu, Jon OLIVA fait à mon sens partie du panthéon des plus grands chanteurs de Heavy Metal : son timbre voilé et grasseyant combiné à une puissance vocale impressionnante ont marqué les meilleurs albums de SAVATAGE (Sirens, Hall Of The Moutain King, Gutter Ballet). C'est en outre un véritable personnage de tragédie : marqué par la mort prématurée de son frère Criss OLIVA en 1933 et handicapé par les abus en tous genres, l'homme avait abandonné le poste de chanteur au sein du groupe qu'il avait fondé avec Criss, SAVATAGE. Sa participation au projet du producteur Paul O NEILL TRANS SIBERIAN ORCHESTRA (gros succès aux Etats Unis) ainsi que la réussite artistique des quatre albums de son propre groupe Jon OLIVA'S PAIN avait donné un nouvel élan à la carrière de ce personnage qui est par ailleurs un compositeur incroyable. Hélas, la Faucheuse est venue chercher son dû dans les parages de Jon, le guitariste Matt LAPORTE décédant en 2011.

Surmontant cette nouvelle tragédie, Jon OLIVA nous livre ni plus ni moins que son meilleur album depuis les grandes heures de SAVATAGE. Avec un artwork rappelant immanquablement SAVATAGE à l'époque de Gutter Ballet, il n'est pas étonnant que cet album contienne les dernières idées de Criss OLIVA qui n'avaient pas encore été utilisées. Mais loin d'être un mausolée sinistre, Raise The Curtain représente avant tout un tour de force baroque. N'ayant plus rien à prouver, Jon OLIVA s'est affranchi des contraintes stylistiques et a jeté dans un ensemble cohérent des influences contrastées.

La puissance sans concession du Metal (riffs agressifs, section rythmique énorme) côtoient en un contraste harmonieux des claviers impérieux et des arrangements orchestraux absolument énormes. Les fans de SAVATAGE et de Jon OLIVA'S PAIN doivent impérativement se procurer l'album. Mais on ne peut que relever sur certains titres particulièrement épiques une emphase et des claviers qui ne manqueront pas d'évoquer les operas rock des WHO ou les meilleures œuvres des années 70 de KANSAS ou STYX (écoutez l'ébouriffant et grandiloquent titre éponyme !). Car si OLIVA sait comme personne livrer des œuvres faites d'acier et de tonnerre (Soul Chaser, Armageddon), il sait aussi se faire plus intimiste (la ballade Soldier), plus félin (le cabaret Metal de Ten Years, avec ses cuivres bouillants), plus Funk (le riff de l'irrésistible Father Time, qui évoque le classique Long Train Runnin' des DOOBIE BROTHERS), plus progressif (The Witch et son impeccable montée en puissance). Sur la ballade Heavy I Know, le bonhomme se fait très sombre et impérial, tandis que l'échevelé et féroce Big Brother et ses claviers vintage évoqueront les grandes heures de URIAH HEEP.

Concluant la version normale de Raise The Curtain, Can't Get Away est une magnifique ballade bluesy électro acoustique (avec cuivres) sur laquelle tout le registre vocal de Jon OLIVA est sollicité, passant de la rugosité menaçante à la caresse apaisante et chaleureuse. Ceux qui achèteront la version digipack auront droit à une petite douceur acoustique (avec arrangements d'accordéon country !) en supplément : The Truth.

Raise The Curtain est l'album d'un homme libre, quoique hanté par les morts. Le résultat est une totale réussite qui appelle des suites qu'on espère au même niveau qualitatif.
Alain
Date de publication : mercredi 10 juillet 2013