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14/07/2013
Freefall
MAGNUS KARLSSON'S FREEFALL
 
Décidément, les projets solos ont le vent en poupe ces derniers temps. Entre le TOBIAS SAMMET’S AVANTASIA, le TIMO TOLKKI’S AVALON ou quelques autres encore, voici que le guitariste de PRIMAL FEAR, le suédois Magnus KARLSSON, qui a déjà travaillé avec d’autres artistes tels que Bob CATLEY, Michael KISKE et Amanda SOMMERVILLE ou STARBREAKER, se lance lui aussi dans l’aventure avec son FREEFALL. Comme les autres, Magnus a invité une belle brochette de vocalistes, tous plus talentueux les uns que les autres, voyez par vous-mêmes : Ralf SCHEEPERS (PRIMAL FEAR, ex-GAMMA RAY), Russell ALLEN (SYMPHONY X), Mark BOALS (IRON MASK, JOSHUA PERAHIA, ex-YNGWIE MALMSTEEN, ex-ROYAL HUNT), Tony HARNELL (TNT), Rick ALTZI (MASTERPLAN, AT VANCE), Mike ANDERSSON (STAR ONE, FULL FORCE), David READMAN (PINK CREAM 69, VOODOO CIRCLE), Rickard BENGTSSON (LAST TRIBE) et Herman SAMING (ACT), rien que ça ! Aucune voix féminine n’est présente ici, mais cela n’enlève en rien à l’agréable écoute des 12 titres de ce premier opus solo. Le scandinave s’est occupé de la production, de la composition, des parties de basses et de guitare, tandis que le chilien Daniel FLORES de MIND’S EYES a été désigné comme batteur. Pour la petite histoire, Magnus KARLSSON connaissait déjà certaines personnalités qui l’accompagnent aujourd’hui dans son projet, puisqu’il a contribué à la création de STARBREAKER et THE CODEX, entre autres, voire au duo ALLEN/LANDE.

Après ses relatifs derniers loupés (ALLEN/LANDE, RALF SCHEEPERS ou encore KISKE/SOMMERVILLE), Mister KARLSSON avait du pain sur la planche pour se rattraper sur le plan de la composition pour ne pas sombrer définitivement dans la redite ou l’édulcoration excessive. Aujourd’hui, il est revenu à une musique moins poussive, plus inspirée. Même si l’originalité n’est pas au rendez-vous ici, ce que je déplore pas mal, puisque le musicien ne fait pas dans le progressif, il a su mettre en place une « rondelle » de bon metal mélodique, privilégiant la délicatesse aux riffs lourds et patauds. Dès les premières notes de Freefall, l’éponyme ouverture, et le chant de Russell ALLEN, l’influence du heavy et du Hard-FM se fait beaucoup ressentir. D’ailleurs, il en sera de même tout au long de cette « galette », bourrée de références aux divers courants musicaux que Magnus apprécie. Higher, Not My Saviour ou encore Last Tribe rappellent énormément, avec leurs rythmiques rapides, leurs claviers atmosphériques et leurs refrains mémorisables, les hymnes power typiquement germaniques de formations telles que HELLOWEEN, PRIMAL FEAR ou MASTERPLAN, tout en apportant une touche scandinave (écoutez certains passages de la 5ème piste, comparables aux quelques bons morceaux créés par Jorn LANDE en solo), tandis que des titres comme Heading Out (interprété par Magnus KARLSSON himself), Stronger, Us Against The World ou Fighting contiennent, par moment, des structures proches des styles AOR ou Soft-Rock, plus lentes et plus sirupeuses…L’interprétation est sans faille, autant au niveau instrumentale que vocalement parlant, mais il manque cette touche de folie présente sur les albums de PRIMAL FEAR, notamment sur 16.6 (Before The Devil Knows You’re Dead). Ce qui est préjudiciable à l’ensemble. J’ai littéralement eu envie de zapper la plupart des compositions qui me semblaient un peu trop molles du genou. Et venant d’un guitariste de metal de ce niveau, c’est quand même assez grave. D’autant plus, que ce n’est pas une sortie de Henri DES, le célèbre écrivain suisse de comptines…ni celle de Frédéric SLAMA…Par ailleurs, la production ne rend pas hommage aux chansons les plus heavy. Parfois trop clean, elle ne laisse pas de place à des sonorités plus rondes et plus chaleureuses. Dès les premières secondes et jusqu’à la dernière note, j’ai eu constamment la sensation que Magnus avait tout enregistré sur Pro-Tools, tant le son est impersonnel, sans relief…Une erreur de plus dans sa carrière qui pourrait lui coûter cher…

Toutefois, Freefall est un album qui s’écoute, comme je l’écrivais ci-dessus, avec un relatif plaisir. Le « hic », c’est qu’une fois entendu, j’ai remisé le disque parmi les albums les moins bons de ma discographie, car une demi-douzaine de listening-sessions permettent de se faire un avis tranché et définitif sur ce projet soap créé par Magnus. Attention, je ne dis pas que cet excellent musicien n’a pas le droit d’apprécier du rock à la Steve LUKATHER, non, mais mêler sur une même réalisation power metal, Hard FM ou Soft-Rock n’était pas une idée très judicieuse, au final, malgré la qualité indéniable des titres en eux-mêmes. Le fait d’avoir placé des compositions lentes et sucrées (la majorité) entre des morceaux rapides et incisifs (seulement 3) prouve que Magnus n’a pas réellement le sens de l’équilibre et de la continuité. Il manque une véritable ligne directrice qui relierait chaque titre, ainsi qu’une bonne dose de dynamisme. Peut-être aurait-il dû déléguer au moins les fonctions de bassiste et de producteur pour se concentrer uniquement sur la composition et l’enregistrement des parties de guitare ? Le résultat en aurait été sans aucun doute meilleur. Et peut-être vous aurait-il donné envie d’en savoir plus sur ses collaborations antérieures en tant que « gratteux » ou compositeur ? Toujours est-il que si vous préférez la célérité à la lenteur, les riffs monstrueux aux mélodies « petite maison dans la prairie » et les vocaux suraigus et sauvages aux chants médiums dignes de chœurs gospel, je vous suggère de passer votre chemin et de vous rabattre sur les dernières sorties excitantes d’autres groupes, comme BATTLE BEAST ou DEATH DEALER. Car, si vous êtes, malgré tout, curieux d’y jeter une oreille, il y a 1 chance sur 2 que vous soyez déçus du contenu. Magnus KARLSSON devrait donner la priorité à son groupe principal, PRIMAL FEAR, dont le dernier album Unbreakable n’est, soit dit en passant, pas extraordinaire, au lieu de se laisser aller à des divagations artistiques qui n’apportent quasiment rien à la scène metal européenne, contrairement aux collectifs AYREON, FAIRYLAND ou AVANTASIA. Il est fort probable que cet album soit plus un plaisir personnel qu’une réalisation pour ses fans. Une démarche intime destiné à se prouver quelque chose à lui-même et non un présent offert aux metal-heads qui l’ont soutenu durant toutes ces années. Ce Freefall ne mérite quand même pas de finir aux oubliettes, mais il ne passera, pour sûr, pas souvent sur votre platine. Préparez votre chiffon à poussière ou votre plumeau, les toiles d’araignées risquent de s’incruster durablement sur le boîtier…
神の知恵
Date de publication : dimanche 14 juillet 2013