BEHEMOTH - The satanist
Style : Metal
Support :
CD
- Année : 2014
Provenance du disque : Acheté
9titre(s) - 43minute(s)
Site(s) Internet :
Site officiel de Behemoth
Label(s) :
Nuclear Blast
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(19/20)
Date de publication : 11/03/2014
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Cette nouvelle galette est une agréable surprise bien que, parfois, déroutante.
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On peut vraiment dire que le groupe polonais revient de loin. Effectivement, outre la pause habituelle entre deux sorties discographiques, le trio nord-prussien a aussi dû mettre en stand-by toute activité afin que Nergal, guitariste/vocaliste et fondateur du combo, puisse prendre le temps de se remettre de sa leucémie. Cet arrêt forcé aurait pu être fatal au musicien, et tout autant à la formation. Et grâce soit rendue à Satan, BEHEMOTH et Nergal sont toujours là, bien en vie, et décidés à mener de front leur croisade musicale contre la bergerie chrétienne planétaire. Loin de se rapprocher de Dieu, ce qui serait une hérésie pour les puristes du black/death occulte, Nergal a repris son travail de composition avec plus de vigueur et de foi ténébreuse qu’auparavant. Ce qui n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire ! Car le temps du changement dans la continuité est arrivé. La trilogie de choc initiée par Demigod (2004), The Apostasy (2007) et Evangelion (2009), brutale à souhait grâce à des riffs issus tout droit de l’esprit infernal qui habite Nergal et ses compères depuis des années, vient de laisser place à un album qui ne laissera personne indifférent.
A la fois plus « sage » et plus sombre que ses prédécesseurs, The Satanist nous fait découvrir une facette surprenante du visage de BEHEMOTH : déjà empreint d’une certaine grandiloquence, le metal du groupe se fait plus obscur et profond que par le passé, ce qui lui permet de gagner en majesté. Certains passages, plus mélodiques, engendrent des atmosphères malsaines semblables à celles présentes sur Demigod mais qui se révèlent plus terrifiantes ! Comme sur Messe Noire ou Furor Divinus, par exemple. Cela dit, bien que les flammes de l’enfer surgissent de bout en bout tout au long de cet opus et que l’on retrouve avec plaisir des compositions poussives et extrêmement directes telles que Amen et Ben Sahar, il faut reconnaître qu’une certaine « lumière » s’en dégage quand même. C’est le cas sur Blow Your Trumpets Gabriel, Ora Pro Nobis Lucifer, The Satanist ou In The Absence Ov Light (et son interlude acoustique chanté en polonais) ou l’épique O Father O Satan O Sun !, titres qui initient l’apparition de lignes rythmiques en mid-tempo, des soli de gratte typiques du heavy metal et des riffs presques « doomesques ». Ces nouveautés sont assez logiques si l’on considère la transformation psychique de Nergal subie par ce dernier lors de son combat avec la maladie et la grande faucheuse. Outre le fait qu’une plus grande sérénité semble avoir pris possession du frontman et que sa convalescence l’a obligé à être quelque peu raisonnable dans sa manière de penser les morceaux, le groupe a aussi évolué lui-même. L’épreuve du cancer a dû lui faire prendre conscience du fait qu’il fallait voir la vie sous un angle moins pessimiste et qu’écrire des chansons trop véhémentes d’un point de vue religieux n’étaient bon ni pour lui ni pour ses fans. En fin de compte, The Satanist est une ode à la gloire de Satan et une hymne à la Vie, puisque quelque part le Roi des Enfers incite les gens à vivre, à exister, comme si chaque jour était le dernier…
Cette nouvelle galette est une agréable surprise bien que, parfois, déroutante. Néanmoins, tout l’intérêt est là justement, casser les habitudes pour évoluer, grandir et être soi. Ce visage versatile que nous présente BEHEMOTH aujourd’hui est une bénédiction pour lui dans l’accession vers un nouveau palier de sa carrière. The Satanist est le témoignage ultime du talent des polonais et son entrée dans une nouvelle ère qui lui promet de très bonnes choses. Trop d’agressivité empêche à la sagesse de faire son apparition. C’est là ce qu’a compris Nergal au travers de son expérience, semble-t-il, enrichissante et nullement traumatisante pour lui de la maladie. Et c’est l’enseignement qu’il a appliqué ici. N’en soyez pas décontenancé(e) si vous êtes fan du trio. The Satanist est un album qui s’apprivoise d’écoutes en écoutes. Il est l’un de ces disques qui ne se laissent pas effeuiller dès que l’on pose une oreille dessus la première fois. Il faut y aller progressivement, pistes par piste, plusieurs fois par semaine pour découvrir toute sa splendeur, être illuminé par son aura divinement démoniaque. Si Evangelion était l’apothéose de l’ancien temps, The Satanist est bien le commencement de quelque chose de plus grand encore, peut-être celui du retour en force de l’ange déchu Lucifer, empereur de la fosse flamboyante, et de son armée métallique…Préparez-vous, serviteurs de la Bête ! Car les trois seigneurs de l’apocalypse musicale chevauchent à nouveau les contrées sauvages, leurs étendards de vassaux de Satan déployés hauts avec fierté, prêts à reconquérir le monde. Gabriel et autres archanges, sonnez vos trompettes, sans les avaler bien entendu si vous ne voulez pas vous la jouer Donald Duck, l’équipée satanique est définitivement de retour !
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