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12/03/2014
Firesoul
BRAINSTORM
 
Avec une discographie plutôt moyenne depuis Liquid Monster, nos chers teutons de BRAINSTORM se devaient d’être plus créatifs musicalement parlant et suivre un régime sec sans édulcorant de quelque sorte que ce soit. Même si Memorial Roots avait permis à la formation de rectifier légèrement le tir grâce à des titres moins pop que sur son prédécesseur, On The Spur Of The Moments a, quant à lui, démoli les efforts qu’Andy B. FRANK et ses compagnons ont initié sur les ‘Racines de la Mémoire’…Tentant désespérément de redresser la barre pour ne pas se prendre un iceberg en pleine poire comme cela fût le cas un siècle plus tôt pour un rafiot nommé Titanic, le char allemand nous revient aujourd’hui pour nous présenter sa nouvelle production, Firesoul, annoncée comme l’album du retour à quelque chose de plus brut de décoffrage comme sur Metus Mortis ou Soul Temptation.

Alors, est-ce le cas, me demanderez-vous ? Et bien, pour être tout à fait honnête avec vous, chers lecteurs, je dirais que oui et non. Il y a bien des morceaux heavy, tels que Erased By The Dark, Brainstorm, Shadowseeker ou What Grows Inside, qui ne sont pas forcément représentatifs d’un retour en arrière dans le passé, mais d’autres morceaux viennent faire un peu tâche, comme Recall The Real, The Chosen et …And I Wonder, qui rappellent énormément la période guimauve de BRAINSTORM. Nous nous retrouvons, donc, avec un ensemble déséquilibré qui vacille un peu et ne nous permet pas de bien rentrer dans le vif du sujet. Le nom BRAINSTORM devrait, en principe, incarner l’énergie, la fougue, la hargne…la formation devrait envoyer plus de patate que ça…Au lieu de cela, elle nous offre encore un opus mi-figue mi-raisin. Toutefois, cette rondelle n’est pas si mauvaise que ça. Si l’on se base sur les éléments caractéristiques qui ont fait la gloire de nos voisins germaniques, il y a tout ce qu’il faut : riffs puissants, son très clair, un Andy très en voix, une rythmique implacable et des mélodies plaisantes. Mais, là où le bât blesse, c’est qu’il y a trop de mélodies, justement. Non pas qu’elles soient désagréables à l’oreille, néanmoins le groupe aurait dû avoir la judicieuse idée d’évoluer, de changer un tant soit peu sa ligne de conduite et de nous faire découvrir une facette plus sombre, plus ténébreuse, ceci grâce à des guitares sous-accordées, un groove plus présent, des lignes vocales scandées, comme ACCEPT l’avait fait sur Death Row en son temps en prenant de véritables risques pour grandir et explorer de nouvelles choses.

BRAINSTORM donne la fâcheuse impression de vouloir rester sur ses acquis préférant la solution de facilité au lieu de laisser parler son imagination. Certes, c’est bien, car vous n’allez pas être décontenancé(e)s, chères lectrices et chers lecteurs. Mais, oser aller voir des contrées musicales qu’il n’a pas encore explorées aurait permis au quintet de gagner en popularité et d’éviter une certaine lassitude de la part de sa fan-base…C’est ce que je reproche à Andy et compagnie. Pourtant, étant moi-même fan du combo, j’ai toutefois bien du mal à avaler la soupe quasi-similaire qu’ils nous servent à chaque repas de famille depuis 2005. Je commence à la trouver indigeste. Qualitativement, il n’y a rien à redire, c’est vrai. Mais, du point de vue des ingrédients, c’est autrement plus inacceptable. Imaginez que les britanniques d’IRON MAIDEN nous la rejoue The Number Of The Beast tous les deux ou trois ans ou que NIGHTWISH nous offre un Oceanborn régulièrement ! Trouveriez-vous ça artistiquement compatible avec le talent de composition d’un Steve HARRIS ou d’un Tuomas HOLOPAINEN ? Supporteriez-vous ça très longtemps ? Pas moi, en tous cas ! Du coup, cela commence sérieusement à m’échauffer que BRAINSTORM ne prenne pas en compte cette réalité et que nos 5 zicos ne mettent pas tout en œuvre pour ne pas se répéter inlassablement à chaque fois qu’ils rentrent dans un processus d’écriture. Mais, diantre !, quand apprendront-ils qu’ils ont un potentiel bien plus important qu’ils ne le pensent peut-être ?! Bon, je m’emporte un peu et je m’en excuse sincèrement auprès de vous, chères et chers internautes. Cela dit, peut-être que le groupe souhaite simplement imiter AC/DC et faire ce qu’il sait le mieux faire, c'est-à-dire un heavy metal à l’allemande teinté de power sirupeux…

Malgré cette ennuyeuse tendance à essayer de ressembler à un perroquet, le groupe arrive néanmoins à nous proposer un opus bien foutu, agréable à écouter de la première seconde à la dernière, avec une production bien clinquante et un visuel alliant passé et présent, étonnant de mimétisme (ou presque) avec l’artwork de Soul Temptation. Par conséquent, je serais de très mauvaise foi si j’affirmais que cet album était un navet. Ce qui est très très très loin d’être le cas. Les compos sont assez séduisantes, je l’avoue. Mais, cela ne suffit vraiment pas à redorer le blason de BRAINSTORM, qui a perdu de sa superbe au fil des années. Dommage, parce-qu’il y a là du talent et une maîtrise du sujet, de l’expérience. Cependant, comme le dit si bien le proverbe, la valeur n’attend point le nombre des années. Et, en effet, l’âge d’or de la formation est, force est de le constater, passé depuis 10 ans…Elle était pourtant prometteuse à ses débuts. Et puis, le temps passe et les consciences se ramollissent parfois, l’énergie disparaît laissant place à une léthargie ou une stagnation préjudiciables. Collectionner les balais n’est pas très bon dans le metal, de nombreux groupes nous en font la démonstration assez souvent. Par exemple, IRON MAIDEN, avec un adoucissement et un ralentissement de son metal qui est devenu plus progressif (ce que j’adore chez la Vierge de Fer). Ou encore EDGUY, qui s’est transformé en boys-band carambar, délaissant la grandiloquence à la Mandrake pour de la mélasse inbouffable (Tinnitus Sanctus)…Et la liste est, malheureusement, très longue !

Il faudra que BRAINSTORM se ressaisisse s’il souhaite continuer, comme en 2004 lors de son Tempting The World Tour, à enchanter les metalheads avec une musique directe, incisive et pêchue. Ce Firesoul est déjà une première étape vers, je le souhaite ardemment, un retour fracassant et remarquable ! Mais, il est bien loin le temps de Blind Suffering, Shadowland ou Hollow Hideaway…qui nous bottaient réellement l’arrière-train…Je ne suis vraiment pas du genre à croire au Père Noël, mais là, je vais sans doute faire une exception…puisque Firesoul n’est pas une catastrophe, c’est certain, mais, comme je l’ai écris plus haut, plutôt la première étape d’un retour une décennie en arrière…Pour son prochain bébé, le combo devra puiser dans ses réserves les plus insoupçonnées pour créer une nouvelle bombe atomique métallique, soit en renouant avec son passé lointain, soit en mettant de côté l’aspect pop-variété dont il abuse trop souvent. Néanmoins, Firesoul est l’une des meilleures sorties du premier trimestre et si vous avez envie de vous faire plaisir, vous pouvez le faire sans problèmes les yeux fermés.
神の知恵
Date de publication : mercredi 12 mars 2014