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24/05/2014
Enkel biljett
ABRAMIS BRAMA
 
Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas constater qu'une vague rétro 70's déferle actuellement dans le milieu Metal. C'est à qui adoptera les sonorités les plus vintage, tout en affichant le look le plus authentique qui soit. Vous prenez une Gibson SG, un ampli Orange, vous enfilez une liquette afghane ou une chemise aux motifs psychédéliques, vous vous laissez pousser une barbe bien épaisse et bien broussailleuse, vous vous faites la raie au milieu et si, avec tout cela, vous ne parvenez pas à dégoter un contrat, c'est que franchement vous le faites exprès.
Dans ce contexte qui frise parfois le ridicule, je pense que les Suédois de ABRAMIS BRAMA ont toute latitude pour se marrer un bon coup. Ce groupe s'est en effet formé en 1997 et Enkel Biljett est d'ores et déjà son sixième album studio depuis 1999. Inutile de dire que le groupe a quelques longueurs d'avance et peut se permettre de regarder de haut les cohortes de convertis de la veille !

D'autant plus que le groupe demeure fidèle à la fois à ses inspirations 60's-70's mais aussi à sa formule dont la particularité principale est un chant en suédois. L'air de rien, la musicalité du Suédois est toute autre que celle de l'Anglais et cela confère aux œuvres de ABRAMIS BRAMA une musicalité bien spécifique. Au-delà de cette sympathique marque d'irrédentisme suédois, la musique du groupe charme par sa capacité à combiner des rythmiques au groove lourd et une vraie souplesse, avec en prime un talent pour les arrangements au délicat fumet psychédélique.

Sur la plupart des titres, ABRAMIS BRAMA avance en puissance, gros riffs appuyés par une basse claquante. L'approche est directe, puissante et le rendu assez irrésistible. Cela m'évoque la méthode de formations nord américaines des années 70 comme BACHMAN TURNER OVERDRIVE et GRAND FUNK RAILROAD. Par moments, le groupe tente et réussit des choses plus aventureuses, comme sur le long (huit minutes) et tortueux Vaggar Mit Till Ro. Sur une durée analogue, Ett Steg Från Graven propose une ambiance bluesy presque mélancolique.

En guise de final, le groupe offre une perle instrumentale, Jonzos Bolero : une basse sèche impose un groove nerveux, les guitares sont délicates, des chœurs aériens progressent et finalement l'ensemble monte brusquement en puissance avant de redescendre d'un cran. Le résultat est saisissant, à mi-chemin entre PINK FLOYD (on songe à One Of These Days et Echoes) et Robin TROWER (pour le mélange du groove et le feeling terriblement délicat de la guitare).

Conformément avec la démarche générale de ABRAMIS BRAMA, Enkel Biljett est un album hors du temps mais terriblement attachant.
Alain
Date de publication : samedi 24 mai 2014