Autant le préciser d'emblée, voilà une réédition qui n'est pas à mettre entre n'importe quelles oreilles ! BLACK HOLE était un trio italien qui officia dans les années 80. Après un premier album paru en 1985 (Land Of Mystery), le groupe enregistra en 1989 ce Living Mask qui ne fut publié qu'en 2000 à 500 exemplaires. Ce n'est pas uniquement le parcours confidentiel du groupe et de cet album qui font l'étrangeté de la chose mais bien la musique proposée.

Pour illustrer des textes et une imagerie fantastiques et sombres (l'artwork fait évidemment référence à l'univers de LOVECRAFT), le groupe développait une sorte de Doom Metal gothique, horrifique et progressif, réalisant ainsi la synthèse inquiétante entre DEATH SS, Paul CHAIN et GOBLIN. Les claviers occupent l'essentiel du spectre sonore, allant de l'orgue d'église au synthé typique des années 80. Une boîte à rythme marque mécaniquement et sèchement le tempo (apportant une ambiance New Wave gothique délicieusement rétro), heureusement renforcée par une basse rampante nettement présente dans le mixage. Aride et héritière de BLACK SABBATH, la guitare prend parfois les commandes (notamment sur The Dark Theatre). Un chant clair et spectral vient déclamer ses litanies sinistres au fil de plages instrumentales longues et tortueuses, évoquant souvent un Jaz COLEMAN (KILLING JOKE) catatonique ou un Robert SMITH (THE CURE) exsangue.

Car non content de créer des ambiances glauques au possible, le groupe désorientait l'auditeur en multipliant les breaks, passant sans prévenir d'une ambiance paranoïaque à un passage schizophrénique. Les six compositions oscillent maladivement entre six et douze minutes. L'ensemble est foncièrement étrange, certes daté, néanmoins toujours fascinant.

Alain
Date de publication : mardi 8 juillet 2014