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13/08/2014
The advent of shadows
Sentinhell
 
2012…Une année spéciale, qui a vu la prédiction Maya de fin du monde tourner en Arlésienne du New Age, comme c’était le cas pour Paco Rabanne en 1999, et en mauvaise blague à Bugarach à l’aube du 21 décembre…Mais, ce fût également un excellent millésime pour les amateurs de metal aux quatre coins du monde. En effet, outre les chefs d’œuvre discographiques qui tombaient régulièrement du ciel tels des météores enflammés (XANDRIA, LUCA TURILLI’S RHAPSODY, KAMELOT, etc.), le mois d’août a aussi vu la naissance d’une formation avignonnaise qui finira bien faire parler d’elle dans un proche avenir. SENTINHELL, c’est son nom, compte en ses rangs 5 membres : le guitariste-fondateur Angelo DI LUCIANO, le vocaliste Nicolas CARUANA, la charmante claviériste Anna GARIC, le bassiste Olivier BERNAL et le frappeur de fûts Adrien DJOUADOU (également dans NOBELLIUM). Ce line-up s’est rapidement mis au travail après réunion pour sortir son premier album, ’The Advent Of Shadows’ en décembre 2013. Entièrement autoproduite, cette agréable galette est finalement distribuée par Alain RICARD via son label Brennus depuis le début de ce mois de juin 2014.

Musicalement, le debut-opus du combo provençal se situe dans une veine heavy metal des années 80 de très bon aloi. Mais, loin d’être bloqué dans cette glorieuse période de notre style préféré, le groupe apporte aussi une fraîcheur bienvenue avec une touche sonique contemporaine, notamment grâce aux lignes de claviers d’Anna. Du coup, les morceaux gagnent en atmosphères et en profondeur, comme sur Archmagus, Dark Legacy ou encore Stormrider. Néanmoins, la ligne conductrice principale se situe dans une voie plus traditionnelle. En témoignent les titres The Advent Of Shadows, Sea Of Sands ou Sentinhell, qui rappellent énormément les œuvres de BLACK SABBATH (écoutez bien le riff du titre introductif, véritable clin d’œil à Heaven And Hell et à Atom And Evil issu du premier et ultime album, ’The Devil You Know’, de HEAVEN AND HELL), DIO (Egypt (The Chains Are On)) ou IRON MAIDEN (Powerslave). Cependant, les influences de SENTINHELL ne s’arrêtent pas aux seuls dieux que je viens de citer. En effet, le combo s’inspire également du thrash ou du power, grâce à l’intégration de divers passages plus ou moins développés. Cela peut aller de simples ponts à des titres entiers. Stormrider, par exemple, est quasi totalement orienté power metal avec son refrain proche de ceux que réalisaient MANIGANCE à l’époque de leur premier CD ‘Signe de Vie’, ou encore, PRELUDIUM, un obscur quintet landais dont la démo 4 titres avait été naguère chroniquée dans le magazine Metallian. Quant à ces moments thrashy, il n’y en pas tant que ça, même si l’on peut ressentir cette envie du groupe d’aller flirter dans cette contrée plus agressive. On peut, donc, s’attendre à ce que la seconde galette soit un tantinet plus musclée.

La majeure partie de ’The Advent Of Shadows’ permet de se forger une opinion positive sur le potentiel de cette formation en devenir. Les compositions sont assez abouties, les musiciens maîtrisent leurs instruments et, bien que les influences ressortent parfois de façon explicite, le groupe ne fait aucunement dans le plagiat. Par contre, quelques points sont à améliorer. Tout d’abord, la production. Celle-ci pèche énormément par son manque de dynamisme. Avec la technologie actuelle, on aurait été en droit d’attendre un meilleur son, plus pêchu…Certes, le heavy metal des avignonnais pourrait éventuellement se prêter à ce type de production vintage, mais quand on a les moyens techniques de réaliser un album bombastique qui pourrait en mettre plein les esgourdes aux auditeurs, il est préférable de les utiliser, ceci afin d’être certain(e) de laisser une trace indélébile dans la mémoire des gens. On va mettre cette petite erreur sur le compte de la « jeunesse ». Ensuite et enfin, le mixage : certains instruments ont été mis trop en avant au détriment de certains autres. La voix de Nicolas, pour ne citer qu’elle, finit parfois par percer les tympans avec son côté légèrement « criard ». Ce qui a tendance à agacer à la longue, surtout sur Stormrider. La batterie, n’est pas en reste. Le son n’est pas homogène. Au lieu d’avoir des notes de batterie chaleureuses et rondes, on se retrouve avec des « panpanpan panpan » à la double pédale qui surgissent une fois sur deux ou trois des tréfonds de l’ensemble musical…Ce qui déstabilise un tantinet la section rythmique. Le même reproche pourrait être fait à la basse. Et le clavier est un peu trop présent, même quand il n’y en a pas forcément besoin…A part ces défauts que tous les groupes débutants, ou presque, font à leurs commencements, il n’y a rien à redire. Le travail est fait comme il faut, il ne reste plus qu’aux vauclusiens à transformer ce premier essai pour que le second soit encore plus savoureux. Gageons que SENTINHELL saura se faire une place de choix parmi les représentants français du genre assez rapidement grâce à ce ‘The Advent Of Shadows’ qui, à défaut d’être original, est un sympathique ouvrage métallique fait par des passionnés.
神の知恵
Date de publication : mercredi 13 août 2014