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27/04/2015
Extinct
Moonspell
 
Cette année 2015 a de quoi surprendre ! En effet, les grandes pointures du metal sont de retour pour le plus grand bonheur de leurs fans : BLIND GUARDIAN, NIGHTWISH, LUCA TURILLI’S RHAPSODY, SATAN’S HOST, KAMELOT, SIRENIA, MARDUK, UNLEASHED...autant de formations qui soulèvent les foules et posent petit à petit, de sortie en sortie, les jalons qui permettront aux générations futures de les considérer comme des groupes cultes. Certaines suivent le même chemin depuis des années, d’autres se fourvoient dans des endroits plus sombres...et puis, il y a ces combos qui passent d’un extrême à l’autre en se précipitant hors des sphères ténébreuses pour se réfugier dans la Lumière tamisée...C’est le cas des portugais de MOONSPELL qui, autrefois, régnaient en maîtres absolus sur la scène black metal sud-européenne, et qui, depuis quelques printemps déjà, préfèrent toucher une frange plus large de métalleux en jouant un gothic metal plutôt efficace, je dois en convenir.

Pourtant, même si les délicates mélodies et les atmosphères aériennes sont davantage présentes dans la musique des lisbonnais, il n’en reste pas moins que le quintet sait toujours s’y prendre pour donner des frissons aux auditeurs à coups de riffs bien placés et de rythmiques bien senties. Même si le très bon Alpha Noir était du genre direct et donnait de bons espoirs quant à un possible retour vers un metal plus agressif, sensiblement inspiré par un passé désormais lointain, MOONSPELL s’est finalement décidé à s’atteler l’année dernière à la création d’un album plus léger, donc plus « digeste », sobrement intitulé Extinct. La principale différence entre ce dernier et son prédécesseur porte essentiellement sur le style de chant : bien que les grunts soient toujours un des éléments majeurs du style MOONSPELL, ils se font, ici, bien discrets, ne pointant le bout de leur nez que lors des passages les plus importants, tels que les refrains, pour souligner les parties les plus « dramatiques » et laissent carte blanche au chant clair, qui se taille la part du lion. Par ailleurs, Alpha Noir était de par trop technique et, de ce fait, trop difficile à suivre par moments. Les titres n’étaient pas assez épurés, contrairement à ceux qui figurent sur Extinct. Ce 11ème opus a l’avantage d’être constitué de 10 pistes taillées pour la radio et la scène, allant droit au but, ce qui évite bien des circonvolutions dans les messages que souhaite faire passer la formation.

Cependant, bien que sémillant et pétillant, Extinct n’en reste pas moins un disque classique de gothic metal et n’apporte pas grand chose de neuf à l’édifice. S’il est agréable à écouter, il est aussi très fâcheusement gentillet. Le côté « Bisounours » est un peu dur à avaler, surtout quand on connaît le passé du groupe...C’est ce détail dérangeant qui met relativement à mal les efforts actuels du combo, qui cherche maladroitement à nous offrir le meilleur de MOONSPELL. Extinct démarrait pourtant génialement avec ce superbe enchaînement Breathe (Until We Are No More), Extinct, Medusalem et Domina...Après ces quatre chansons, le reste est infiniment plus anecdotique, trop hypnotique...Et je ne parle même pas de ce ridicule La Baphomette qui clôt cette galette...Dommage ! Le quintet avait pourtant tous les atouts en main pour réaliser une grande œuvre qui aurait pu rester définitivement dans les mémoires. Au lieu de cela, Fernando et sa bande nous ont pondu un objet musical qui a tout l’air d’un Kinder Surprise dont la facette mignonette reste en travers de la gorge.

Extinct n’est, toutefois, pas foncièrement mauvais en soi. Un énorme travail a été fait au niveau de la composition et des arrangements orchestraux en arrière-plan, la production de Jens BOGREN est puissante et d’une clarté à faire pâlir de nombreux groupes du même genre, quelques gros riffs sont là, Fernando s’est embêté à réciter quelques mots en français sur le grotesque titre de clôture et les portugais se sont adjoint les services de Seth Siro ANTON pour illustrer ce disque assez fluctuant. Néanmoins, tout cela n’aura pas été assez suffisant pour nous procurer les frissons que nous attendions tant de la part de MOONSPELL. Les portugais auront bâclé ce qui aurait pu être une création plus aboutie si seulement ils avaient pris plus de temps à sa réalisation. J’espère que MOONSPELL saura se ressaisir sur le prochain opus. Il est encore temps pour la troupe de redresser la barre et de ne pas se fracasser le minois contre de tranchants récifs. Extinct n’est pas une réussite. C’est une semi-déception qui m’a laissée terriblement sur ma faim. Et il est très rare que je ressente ça. Cet album est, à vrai dire, un amuse-bouche destiné à mettre en appétit avant un savoureux repas...Sauf qu’après cet amuse-bouche, c’est le néant presque total...C’est horriblement frustrant ! A n’acheter qu’en cas de « collectionnite » aigue si vous êtes un(e) fan ultime du groupe. Dans le cas contraire, passez votre chemin.


Line-up :
Fernando RIBEIRO (Chant)
Ricardo AMORIM (Guitares, chant additionnel)
Aires PEREIRA (Basse)
Pedro PAIXÃO (Claviers)
Miguel GASPAR (Batterie)


Breathe (Until We Are No More)

神の知恵
Date de publication : lundi 27 avril 2015