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23/05/2015
Torn banners
ARTAIUS
 
En dépit d'un premier album, The Fifth Season (sorti en 2013), la formation italienne ARTAIUS ne s'est pas encore fait un nom parmi les cohortes pléthoriques évoluant dans le périmètre du Folk Metal. L'enjeu de Torn Banners est donc de combler ce déficit de popularité. A priori, le septette a mis des atouts de son côté : un visuel très travaillé et esthétique, un album copieux d'une durée excédant l'heure et quart (avec pas moins de sept compositions sur un total de onze qui s'échelonnent entre sept et huit minutes!), une production puissante et claire, un mixage parfaitement équilibré et permettant l'exposition de chaque composante.

On est sans surprise confronté à un Metal musclé et dynamique, passablement marqué par le Power Metal et le Death Metal mélodique, pourvoyeur de riffs âpres et de plans de guitares mélodiques typiques du Heavy Metal classique. Clairement, c'est la composante Metal qui dicte la structure et les sonorités dominantes des compositions de Torn Banners.
Et la composante Folk Metal, me demanderez-vous ? Elle est présente sous forme de mélodies dansantes ou mélancoliques, très souvent issues du répertoire celtique, avec parfois des effets de déjà entendu. Ce léger déficit d'originalité dans les apports Folk (violon, flûte, percussions, guitare acoustique...) est toutefois compensé par une maîtrise dans l'interprétation de ce type de répertoire, ce qui n'est pas a priori gagné quand on entend les pauvres mélodies maigrelettes servies par trop de formations Folk Metal !
La durée des compositions implique de facto la présence de structures non linéaires, basées sur l'imbrication de plusieurs séquences différentes au sein d'un même titre. Sans s'inscrire pleinement dans les principes du Metal progressif, le groupe développe une compétence certaine dans ce type d'agencement, sans cependant rechigner à délivrer des passages directs, vindicatifs et percutants. Autre composante relevant de la dimension progressive, les claviers sont bel et bien présents, la plupart du temps comme arrangements, avec un effet de rehausseur de texture non négligeable. On notera en la matière des sonorités parfois un peu cheap : les sonorités vintage sont difficile à manier avec pertinence !

Reste à traiter la dimension vocale qui repose sur la désormais archi-connue dualité entre une voix féminine claire et posée d'une part, et des vocaux masculins plus rugueux. Le principe du contraste entre la Belle et la Bête est donc omniprésent, avec un net avantage à la Belle. Le chant féminin s'avère en effet bien dosé et articulé. Le timbre médium me rappelle un peu celui de chanteuses Folk comme Loreena McKENNITT, Louisa JOHN KROL et Maddy PRIOR (STEELEYE SPAN).
Bien que maîtrisant convenablement un registre oscillant entre la raucité du Death Metal et l'aigreur du Black Metal, la Bête suscite forcément moins la surprise et apporte moins de variété.

En dépit des quelques réserves, Torn Banners s'impose au final comme un album intéressant sur la longueur, porteur d'un juste équilibre entre Metal puissant mais racé, Folk celtique et Rock progressif.
Alain
Date de publication : samedi 23 mai 2015