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05/07/2015
Nocturnes of hellfire and damnation
VIRGIN STEELE
 
J'ai de longue date un faible pour le Heavy Metal épique et baroque de VIRGIN STEELE, formation qui, à mon sens, n'a jamais reçu l'attention qu'il aurait mérité. Il faut dire que la discographie du groupe débuta en 1982, en plein bourgeonnements extrémistes (Speed, Thrash et Crossover) ; il est vrai que, dans un contexte de surenchère permanente, le Heavy Metal classique et racé du groupe ne pouvait que trouver refuge que sur certains marchés européens, notamment en Allemagne.
Tout cela pour dire que le rythme de parution discographique dans un contexte dégradé et surpeuplé ne devrait pas permettre à VIRGIN STEELE de s'imposer au premier rang. Cela dit, si le productivisme n'est pas de mise, le soin porté à l'élaboration de Nocturnes Of Hellfire And Damnation compense largement les affres de l'attente de cinq longues années depuis l'excellent The Black Light Bacchanalia. Histoire d'en donner aux fans pour leur argent, soulignons que cet album est disponible en trois formats, chacun pourvu d'une illustration spécifique : l'édition simple (pochette de la statue de gargouille, que nous chroniquons ici), l'édition digipack double CD (pochette de la statue d'ange, avec pas moins de quinze titres supplémentaires) et enfin l'édition double vinyle + cd (pochette de la mort jouant de la flûte avec un tibia).

Hormis une production et un mixage qui favorisent la puissance sans sacrifier la clarté et un feeling très vivant, les deux registres dans lesquels VIRGIN STEELE a une fois de plus excellé sont la composition et le chant.
Au niveau de l'écriture, le chanteur et claviériste David DE FEIS possède toujours cette capacité à agencer des rythmiques percutantes avec des mélodies accrocheuses, et ce quel que soit le registre abordé. Car si VIRGIN STEELE s'inscrit évidemment de plain pied dans le Heavy Metal, il sait varier les plaisirs. Ainsi, l'album s'ouvre sur Lucifer's Hammer, une splendide galopade épique qui emporte tout sur son passage ; magistrale entrée en matière à laquelle le tout aussi vif Black Sun-Black Mass. Sur un tempo plus modéré, le groupe envoie également une bordée de titres nerveux et pleins de classe : Queen Of The Dead, le très Heavy The Plague And The Fire, le rampant Devilhead, Delirium (dont les sept minutes et quelques permettent des effets de contrastes entre différentes séquences), We Disappear et Glamour à la rythmique absolument dévastatrice.
Même si elles sont minoritaires, les tendances plus orientées Hard Rock mélodiques sont également bien représentés par le long Demolition Queen au groove dévastateur, par les ballades Heavy Hymns To Damnation et Fallen Angels, ainsi que par de multiples séquences présentes au fil des titres les plus costauds évoqués plus haut.
Quelle que soit la facette privilégiée, VIRGIN STEELE parvient à combiner efficacité rythmique et mélodique avec une relative complexité dans les structures et une constante qualité dans les arrangements, notamment les nombreuses parties de piano jouées par David DE FEIS.

Avant d'aborder le chapitre du chant, soulignons tout à fois la solidité jamais prise en défaut du couple rythmique et du jeu remarquable du guitariste Edward PURSINO, très technique et très mélodique à la fois, sachant doser subtilement la nervosité et la douceur. Mais la pièce maîtresse de l'identité musicale du groupe demeure la voix de David DE FEIS qui ne semble toujours devoir souffrir des affres de l'âge. La versatilité de ses cordes vocales n'a d'égale que sa puissance. L'homme assure des lignes claires dans un registre médium, il peut se faire doux et caressant ou au contraire rugissant. Ses montées dans les aigus demeurent impressionnantes. Ses détracteurs trouveront sa performance démonstrative et trop marquée par des tics (jappements, grognements et autres bruits de gorge). Cela fait partie du grand jeu des meilleurs vocalistes du Hard et du Metal, DE FEIS pouvant sans conteste rivaliser avec des Geoff TATE, Eric ADAMS (MANOWAR), Bruce DICKINSON...

Si c'est pour obtenir des albums de cette teneur, je suis prêt à patienter cinq nouvelles années !
Alain
Date de publication : dimanche 5 juillet 2015