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07/08/2015
Monsters of rock
KILLER
 
Jurassic World...Voilà comment le monde devrait être qualifié, tellement l’univers préhistorique lancé par le milliardaire John Hammond sur les écrans de cinéma en 1992 s’apparente énormément à notre société actuelle. Nous voyons régulièrement des dinosaures musicaux se lancer à la conquête de l’ère moderne et envahir subrepticement nos platines depuis quelques années déjà. Souvent pour le plus grand plaisir de nos oreilles...ou parfois pas...Oui, cela arrive de temps à autres...Mais, la majorité des sauriens ménestrels nous plongent dans un état de grande béatitude quand ils ressurgissent des profondeurs de la jungle du Crétacé pour nous pondre de nouveaux œufs surprise discographiques.

Et à la maternité du heavy metal, les (re)naissances sont plutôt nombreuses en cette seconde décennie du 21ème siècle. La « faute » en incombe souvent au retour de la flamme originelle, principale raison énoncée par les rescapés de l’Âge de Fer. Cet argument, si louable soit-il, n’efface pas les autres objectifs, plus obscurs, qui les animent, notamment pécuniairement. Cependant, même si les groupes souhaitent se remplir les poches en nous la rejouant Lazare, avec des come-backs préalablement planifiés, généraliser serait inconvenant, ceci pour deux raisons bien précises : notre style favori ne s’avère pas particulièrement rentable, surtout en ces temps troublés où la majorité ne sait pas réellement apprécier la vraie musique, et aussi parce-que les métalleux sont d’éternels teenagers pour qui la vie se doit d’être une fête permanente. Du coup, les combos qui sont de retour dans le présent futur souhaitent légitimement apporter un peu de légèreté aux personnes qui sont sensibles à leur art, ceci sans forcément avoir d’arrière-pensées sous forme de billets de banque.

C’est, en tous cas, le cas des belges de KILLER, qui sont toujours bel et bien vivants après un silence-radio d’une dizaine de printemps et un avant-dernier album qui portait bien son nom, puisqu’il définissait justement le caractère immortel de la formation anversoise. Souvent comparés à MOTÖRHEAD, de par la forme du groupe, un power trio de choc (s’étant « brièvement » transformé en quatuor entre 1990 et 2005), ainsi que la voix de Jakke qui rappelle énormément celle de Lemmy KILMISTER, lui aussi bassiste et meneur d’une sainte trinité, objet de l’adoration de millions de fans à travers la planète. KILLER vient d’accoucher d’un nouvel opus, sobrement nommé Monsters Of Rock qui plaira à une très large frange de metalheads parmi vous. Chacun.e trouvera son bonheur dans ce dernier rejeton des flamands assassins, autant les fans de Snaggletooth, d’Eddie The Head ou de Murray voire même les inconditionnel.le.s de DARKTHRONE, ENTOMBED et consorts.

En effet, KILLER n’est pas sectaire musicalement parlant et navigue allègrement entre hard rock 70’s et heavy metal 80’s sans se poser de limitations. Toutefois, c’est plus du côté de MOTÖRHEAD, pour la facette rock’n’roll, que le groupe lorgne la plupart du temps, même si de gros riffs à la ACCEPT ou GRAVE DIGGER font régulièrement leur apparition, généralement en début ou en fin de morceau ou, bien encore, lors des soli. Cela est particulièrement flagrant sur No Exception To The Rule, Back To The Roots, Deaf, Blind And Dumb, Forever Metal, Hold Your Head Up High ou The Reactor. Toutes les compos ne sont pas dans la lignée de celles écrites par Lemmy et ses compères ou par la tribu teutonne menée par Wolf HOFFMANN, puisque KILLER nous propose également des chansons plus « exotiques », telles que la heavy/doomesque Shotgun Symphony ou la bluesy Making Magic, auxquelles ne nous avaient pas ou peu habitué la triade nord-européenne. Il est extra de voir que les vieux de la vieille n’oublient pas que les racines de leur œuvre se situent du côté du Mississipi (USA) ou de Birmingham (UK) et qu’ils souhaitent partager cela avec leur fanbase...et les pèlerins chevelus qui seraient inopinément tombés sur ce petit joyau brut de décoffrage en fouinant dans les bacs du centre culturel Leclerc du coin.

De plus, la production met vraiment en valeur l’ensemble des titres, bien que le côté « dans ta face » de Wall Of Sound manque cruellement à l’appel. Mais, toutes les compos donnent l’impression d’avoir été capturées en « live » en plein studio d’enregistrement dans les années 80 tout en sonnant plus modernes. Cela est surtout flagrant du côté du jeu de basse très « vintage », tout comme le son « garage » de la batterie.

KILLER s’est décidé, après 10 années d’absence, de revenir en force en faisant plaisir aux fans de heavy metal traditionnel, leur rappelant, s’il le fallait, que ce genre musical n’est pas en train de bouffer les pissenlits par la racine comme les serpents des majors et du paysage audiovisuel planétaire tentent si péniblement de le faire croire à la majorité des mélomanes qui ne sont pas dupes, même si ces derniers, pour la plupart, n’apprécient pas tellement notre style favori, qu’ils considèrent trop violent pour leurs oreilles habituées à des niaiseries aussi déconcertantes, négativement parlant, que Britney SPEARS, Maître GIMS ou Adèle. Bien entendu, nos trois cousins belges n’ont pas eu la même ambition de tout défoncer sur leur passage qu’il y a trente ans, mais ce Monsters Of Rock reste, toutefois, une belle leçon de vie que tout jeune musicien devrait retenir et appliquer dans sa carrière. Il n’y a, visiblement, pas d’âge pour continuer à électriser les foules et s’éclater comme des ados. Le heavy metal à l’ancienne est une vraie fontaine de jouvence qui conserve la fougue et la flamme de la jeunesse, même - et surtout - après la cinquantaine. KILLER vient de nous prouver avec ce Monsters Of Rock, qui dépote assez sévère bien que pas totalement, qu’il sera toujours prêt à faire trembler les chaumières et réveiller le kangourou qui se trouve dans chaque metalhead. Un très bel album, malgré quelques minuscules défauts, qui justifie de se délester de quelques euros et qui démontre, si c’est encore nécessaire, que les trois flamands sont bien les monstres du rock.

Line-up :

Shorty (chant, guitares)
Jakke (chant, basse)
Vanne (batterie)

Monsters Of Rock
神の知恵
Date de publication : vendredi 7 août 2015