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20/11/2015
The deer woman
FUNERAL MARMOORI
 
L'Italie semble être un vivier inépuisable – mais hélas pas assez reconnu comme tel – de formations étranges, dotées de fortes personnalités. Après un premier opus sobrement intitulé Vol. 1 (2011) et une évolution au sein de la formation (désormais composée de deux hommes et de deux femmes, parité respectée!), le groupe revient à la charge avec The Deer Woman qui s'avère aussi étrange et fascinant que l'illustration de la pochette !

Le quartette parvient à une synthèse presque miraculeuse du Heavy Metal de BLACK SABBATH (la période évolutive de Sabbath Bloody Sabbath et Sabotage), du Doom Metal à la SAINT VITUS et THE OBSESSED, de la frange la plus sombre de la New Wave Of British Heavy Metal (WITCHFYNDE, WITCHFINDER GENERAL), du Metal italien occulte et tortueux des années 80 (DEATH SS, BLACK HOLE, les débuts de Paul CHAIN et de son VIOLET THEATRE), du Rock progressif des années 70.

C'est ainsi que l'on est confronté à des riffs râpeux et épais, à des solos de guitare brefs et nerveux, ainsi qu'à une section rythmique bien pesante mais superbement animée par un batteur très mobile (dans la grande tradition de la charnière des années 60 et 70). L'ambiance est donc à la fois pesante mais agitée de soubresauts rythmiques qui détournent tout sentiment de lassitude.

Pour compléter ce sombre tableau, le chanteur s'avère la plupart du temps laconique, et donc sinistre, avec toutefois suffisamment de variations rauques et écorchées dans le phrasé pour créer des lignes vocales malsaines.

Surtout, l'identité musicale de FUNERAL MARMOORI tient au contraste salutaire créé entre cet environnement sombre et les étranges enluminures de claviers qui semblent tout droit sortir du répertoire prog 70's, voire des bandes originales de films d'horreur crées par GOBLIN et consorts. Plutôt que d'opter pour les trop galvaudés Moog ou les sonorités brumeuses de l'Hammond, FUNERAL MARMOORI a opté pour des tons plus aigrelets du Farfisa et pour un Juno de Roland (ce dernier permettant l'échantillonnage). Loin d'être relégués au rang d'arrangements en nappes, ces parties de claviers jouent un rôle essentiel en créant une atmosphère gothique, trouble et solennelle, à la fois palpable et surannée. De nettes influences classiques se dégagent en introduction du morceau The Last Sip.

Cette formule irrésistible se met au service de compositions par ailleurs solidement structurées, avec pas mal de séquences au sein d'un même titre, sans que l'on verse dans l'excès. Histoire d'assumer ses influences de bon aloi, le groupe reprend avec brio en fin d'album le morceau Profanation de DEATH SS, tiré d'un obscur single autoproduit en 1983 (réédité sur la compilation The Cursed Singles en 1995).
Vous l'aurez compris, The Deer Woman s'avère être une surprise absolument magistrale de cette année 2015 finissante, une œuvre inspirée et très personnelle, nettement plus attractive que la majorité des groupes revival qui pullulent depuis quelques années.
Alain
Date de publication : vendredi 20 novembre 2015