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16/01/2016
Black magic
THE BRIMSTONE COVEN
 
En découvrant l'illustration de la pochette de ce second album des américains de THE BRIMSTONE COVEN, tout fan de Metal qui se respecte en déduira que le groupe donne dans le Heavy Metal occulte à consonances Seventies... et il aurait raison, mais seulement en partie. Le groupe revendique fièrement l'adoption d'un univers sombre tout droit apparenté au bric à brac mystico-occulte qui proliféra durant les années 60 et 70.

Deux décennies qui servent ostensiblement de références dans le domaine strictement musical. Cela dit, THE BRIMSTONE COVEN nous épargne les sempiternelles comparaisons avec les pères fondateurs BLACK SABBATH (mis à part sur le titre The Seer). En effet, le quartette privilégie volontairement un son dégraissé, sans saturation excessive, allant ainsi à rebours d'une constante course à l'intensification qui prévaut depuis toujours au sein du Metal. L'architecture instrumentale du groupe renvoie d'ailleurs presque autant au proto-Hard (CREAM, BLUE CHEER, CAPTAIN BEYOND, FRIJID PINK) qu'au Hard Rock à proprement parler (celui de MOUNTAIN, BACHMAN TURNER OVERDRIVE, SIR LORD BALTIMORE). L'essentiel de la puissance est apporté par une basse au son épais et aux lignes agiles, bien mise en valeur dans le mixage. La batterie aux sonorités très sèches ponctue le tout avec souplesse et variété. Au total, nous avons une section rythmique évoluant au gré d'un groove placide, avec toutefois une réelle faculté à se faire cinglante (Black Unicorn) et remuante (Slow Death).

La guitare complète avec des riffs secs mais surtout posent sur ce tapis rythmique dense des harmonies doubles, simples mais de toute beauté, et des solos à la fois concis, mélodieux et gavés d'électricité et de feeling bluesy. En la matière, le groupe se permet par moment de fort belles embardées dignes du Rock sudiste, comme sur Beyond The Astral.

L'autre particularité réside dans le registre vocal. Le chanteur John WILLIAMS évolue dans un registre clair, presque paisible, bercée par un léger écho ; ses lignes de chant sont articulées, modulées, agréables mais somme toute peu puissantes et pas démonstratives. Elles prennent tout leur sens grâce aux harmonies fournies par deux autres membres du groupe, le tout évoquant les pratiques en vigueur à la fin des années 60 et au cours des années 70 au sein de nombreuses formations Pop et Rock. On trouve même une très belle et douce composition, The Plague, avec une voix douce, des harmonies vocales, un motif de guitare simple et entêtant, des arrangements de claviers subtils. Sur le menaçant The Eldest Tree, ces harmonies sont même porteuses d'un psychédélisme sinistre et pernicieux.

En variant ses influences et en assumant crânement des choix musicaux aux antipodes des critères d'aujourd'hui, THE BRIMSTONE COVEN emporte l'adhésion et devrait emporter les suffrages de ceux qui sont désireux de s'aérer les oreilles avec une musique qui ne se contente pas de formules mais réalise une authentique réappropriation d'un patrimoine. Une véritable bonne surprise à découvrir ici avec la vidéo du titre éponyme : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 16 janvier 2016