16 / 20
16/01/2016
Violet art of improvisation
Paul CHAIN
 
En 1989, l'ex-DEATH SS Paul CHAIN a abandonné son premier projet VIOLET THEATRE pour évoluer sous son seul patronyme ; il a déjà publier un single (King Of The Dream) et un EP (Ash, dont la réédition est chroniquée ici : cliquez ici). S'ouvre pour lui une période de créativité foisonnante, avec notamment ce double album dantesque, Violet Art Of Improvisation. Avec cet album hors normes (à l'époque comme aujourd'hui, c'est dire la particularité extrême de l’œuvre !), Paul CHAIN largue les amarres et se permet tout, guidé par une ouverture d'esprit rare, qui n'a d'égale que l'ésotérisme du résultat final.

Rien que le titre d'ouverture, Tetri Teschi In Lucia Viola, s'avère apte à rendre dingues les plus cartésiens d'entre nous. Passée une introduction digne d'une messe, l'auditeur plonge dans pas moins d'une demi-heure de motifs répétitifs, obsédants, lancinants. La guitare de Paul CHAIN lâche des riffs free style et des solos saturés et grinçants, tandis que des bruitages s'agglutinent à des claviers liturgiques. Le registre vocal se réduit à des interventions ponctuelles guère articulées. A vrai dire, on avait pas entendu une production aussi profondément psychédélique depuis les grandes années du genre, c'est-à-dire la seconde moitié des années 60. C'est bien simple, on se croirait plongé dans la psyché détraquée d'un séminariste ayant abusé d'acide frelaté !

Le reste de l'album se partage entre des compositions à peine moins colossales (les 22 minutes de X Ray) et des titres relativement plus ramassés (entre six et neuf minutes). Pourtant, le trait commun entre ces séquences est l'expérimentation, l'improvisation bruitiste autour de thèmes mélodiques ou rythmiques qui se retrouvent tordus, étirés et violentés. On s'approche parfois d'une certain normalité (toute relative cependant) : l'acoustique et cotonneuse Celtic Rain (un peu à la manière de POPOL VUH), la scansion solennelle et envapée de Old Way (avec de belles arabesques d'orgue de messe), la Synth Pop dégénérée de Dedicated To Jesus.

Musique psychédélique, musique planante électronique (Hypnosis, pas si éloigné du Klaus SCHULZE le plus paranoïaque), Space Rock (même HAWKWIND y perdrait ses repères !), Rock expérimental, Ambient Rock... autant d'appellations qui sont toutes justes et pourtant approximatives et insuffisantes pour évoquer ce pandémonium, parfois décourageant et irritant, le plus souvent fascinant. Que l'on aime ou pas, Violet Art Of Improvisation demeure un manifeste d'audace, d'indépendance et de créativité.
Alain
Date de publication : samedi 16 janvier 2016