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19/06/2016
La existencia humana debe ser un error
CEREMONIA
 
Comme son nom et ses paroles en espagnol ne l'indiquent absolument pas, CEREMONIA est une formation française dont le premier album nous est parvenu en net décalage par rapport à sa sortie en 2015. Peu importe, la qualité se moque bien du temps qui passe. En l'occurrence, le quartette font tout à la fois montre de maîtrise et d'ambition.

L'ambition tout d'abord, que l'on trouve dans ces quatre morceaux, dont trois excèdent les douze minutes. Se lancer dans de tels formats dès son premier album témoigne incontestablement d'un état d'esprit conquérant et d'une confiance en soi absolue, sûrement aussi d'une volonté farouche de n'en faire qu'à sa tête.

Cela dit, l'ambition a de fortes chances de passer pour de la prétention si la réussite n'est pas au rendez-vous. Fort heureusement, le groupe parvient à maintenir l'attention, même quand le tempo se fait lent, les rythmiques écrasantes et lancinantes. Contrairement à certaines formations de Funeral Doom qui misent exclusivement sur la lenteur, la lourdeur et la linéarité, CEREMONIA sait introduire de la dynamique, notamment par le truchement d'une section rythmique capable d'impulser un groove salutaire, tout en souplesse. Les guitares ne se contente pas d'asséner des riffs massifs, elles tissent des arpèges aux mélodies venimeuses, parfois dissonantes, ou débitent des riffs saccadés aux senteurs Thrash. Tous ces éléments font immanquablement penser au grand SLAYER du siècle passé, celui-ci se risqua un jour aux tempos moyens et lents avec des chefs d’œuvre comme Seasons In The Abyss et Raining Blood. Ces mêmes guitares livrent des parties mélodiques lancinantes au rendu assez gothique (Anestesia Affliccion).
Autre remède contre l'ennui et la platitude, l'inclusion de séquences plus atmosphériques, à la douceur particulièrement vénéneuses

Cela dit, stylistiquement parlant, CEREMONIA émarge au registre du Doom Metal à tendance Death, cette dernière tendance étant principalement développée par un chant rauque, versant fréquemment dans le déchirement douloureux qui siérait à l'univers du Black Metal.

CEREMONIA invoque de multiples influences pour parvenir à des litanies malsaines, suintant à la fois la haine et la mélancolie. En somme, on devient vite zélateur et on ne demande qu'à assister rapidement à une seconde cérémonie du même acabit.
Alain
Date de publication : dimanche 19 juin 2016