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30/06/2016
Alkahest
Paul CHAIN
 
Quand en 1995 paraît l'album Alkahest, Paul CHAIN a d'ores et déjà une discographie conséquente derrière lui, principalement sous son propre nom (bien que cofondateur de DEATH SS avec Steve SYLVESTER, ce groupe n'avait commis que des démos et un EP avant que Paul CHAIN ne le quitte). En solo ou avec son VIOLET THEATRE, notre homme avait bâti un univers mêlant Heavy Metal, psychédélisme, improvisation et univers gothique. Aussi, la sortie de Alkahest fut en grande partie une – excellente – surprise puisqu'il s'agit très clairement d'un album de Doom Metal, quasi-traditionnel, presque classique, répondant à tous le moins à toutes les exigences du genre. Les compositions figurant sur cet album figurent parmi les plus structurées jamais écrites par notre Italien, par ailleurs toujours friand de digressions et d'expérimentations.

Dans le sillage des précurseurs SAINT VITUS et THE OBSESSED, Paul CHAIN assouvissait ici sans vergogne sa filiation avec BLACK SABBATH : tempos lents, structures à tiroirs, prééminence de riffs massifs, le tout excellemment mis en œuvre. Quoi qu’aussi peu académiques que ceux d'Ozzy, les vocaux de Paul CHAIN se distinguent de quasiment toutes les normes en vigueur dans le monde du Heavy Metal ; assez haut perchés mais pas perçants ni puissamment poussés, ils sont modulés de façon lancinante et dégagent une impression un peu fluette et neurasthénique, tout à fait voulue.

Autre particularité notable de Alkahest : la participation à l'écriture des textes et au chant sur quatre morceaux de Lee DORRIAN, ex-grogneur de NAPALM DEATH et à l'époque au sein d'un CATHEDRAL encore jeune mais déjà référentiel. Son timbre grondant et son élocution bien articulée conviennent à merveille avec des compositions lourdes, tortueuses, aux ambiances poisseuses et gothiques.

Plus de deux décennies après sa sortie, Alkahest demeure un superbe album, une sorte de crypte dans laquelle on prend un plaisir malsain à se frotter à la moisissure de murs ruisselants d'une humidité infecte. A noter que cette belle réédition en tirage limité se voit augmentée d'un bonus, en l'occurrence une reprise de Electric Funeral de BLACK SABBATH, à laquelle le chant si spécial de CHAIN confère une étrangeté contrastant avec une instrumentation somme toute classique.

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Alain
Date de publication : jeudi 30 juin 2016