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02/09/2016
Our voices shall remain
THROES OF DAWN
 
Active depuis la première moitié de la décennie 90, cette formation finlandaise délivre son cinquième album. Même si le rapport entre le nombre de parutions et la durée d'existence témoigne d'une productivité relative, le groupe a pris soin d'évoluer, sans toutefois renier ses données de base. Ainsi, les sonorités Dark Metal ont-elles notablement cédé la place à un Rock progressif mâtiné de Post Rock. Pour autant, la noirceur constitue-t-elle un fil rouge dans la discographie du groupe. En l'occurrence, Our Voices Shall Remain me paraît marqué par une ambiance, un sentiment ô combien puissant, quoiqu'ambivalent : la mélancolie.

Pour mieux comprendre la musique actuelle de THROES OF DAWN, on peut faire confiance à la peinture de Costin CHIOREANU choisie pour l'album : on y sent une force qui semble lutter contre le délitement, contre la liquéfaction lacrymale. Une présence majoritaire des couleurs ternes au profit de l'azur céleste renvoyé à l'arrière-plan. Même la lucidité d'un œil unique ne parvient pas à contrebalancer les visages, marqueurs identitaires par excellence, aux traits indistincts, comme effacés.

Cette complexité et cette ambivalence se retrouve dans les compositions plutôt longues (souvent entre huit et neuf minutes, et même plus de quatorze minutes pour le final The Black Wreath Of Mind !). De telles amplitudes permettent d'installer des ambiances, de les développer sans précipitation, de travailler les évolutions internes des morceaux en jouant davantage sur les nuances que sur les ruptures. THROES OF DAWN ne recourt même pas à la facilité qui consiste à faire émerger des éléments typiquement Metal de temps à autre ; les guitares conservent leur approche mélodique et le chant, médium et grave, clair et posément modulé, se tient à l'écart de toute raucité, de toute aigreur et même de toute démonstration de puissance ou de lyrisme. Afin de ne pas sombrer dans la léthargie, c'est le section rythmique qui épaissit quelques fois ses interventions, avec subtilité et retenue.

Outre une comparaison avec certains moments posés de PINK FLOYD (le jeu de guitare reprend les progressions et le sens du feeling, de la note juste de David GILMOUR) et de MARILLION, on pourrait rapprocher la démarche de THROES OF DAWN sur cet album de celle d'ANATHEMA dernière mouture ou de celle de TIAMAT sur le superbe A Deeper Kind Of Slumber. Même si un potentiel de mélodies plus directement accrocheuses affleurent par moments (représentant d'aileurs une intéressante piste d'évolution future), la priorité est ici donnée aux ambiances mélancoliques, belles et vénéneuses, aux textures, à une approche douce, presque hypnotique.

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Alain
Date de publication : vendredi 2 septembre 2016