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25/09/2016
Memento mori
SAHG
 
Nonobstant des changements de musiciens notables, la formation norvégienne a conservé un rythme de croisière – à savoir un album tous les deux ou trois ans depuis 2006 – pour nous livrer son cinquième album, baptisé Memento Mori. Avec un titre et une pochette aussi lugubres, on pouvait s'attendre à une œuvre au noir mais force est de constater que SAHG a au contraire considérablement élargi son spectre. Ayant toujours pratiqué un Metal empreint de tout l'héritage des années 70, le groupe s'impose aujourd'hui comme un parangon de Metal magnifiquement rehaussé d'enluminures psychédéliques.

SAHG n'a en rien renié ses racines Métal puisque les rythmiques plombées, à la limite du Doom, sont bien présentes. Sur un titre comme Devilspeed, la formation se fait même rageuse et fonceuse. La puissance de tir du quartette repose avant tout sur une section rythmique intense : gros son de basse et jeu de batterie riche, avec notamment un recours important aux cymbales et aux toms. Les fondations étant solidement posées, la guitare ne se sent plus cantonnée aux gros riffs, pas plus qu'aux rythmiques hachées. Au contraire, c'est un festival de sonorités troubles, acides, lysergiques et belles, avec de surcroît des solos reposant avant tout sur des progressions mélodiques.
Cette dimension psychédélique se trouve démultipliée par des arrangements de claviers vintage. Le chant de Olav IVERSEN est filtré et versatile, par moments nasal et envapé, puis rageur ou sardonique.

Le répertoire de SAHG sur Memento Mori me semble être un développement moderne de ce que BLACK SABBATH institua dans les années 70 avec des morceaux comme Megalomania, Symptom Of The Universe, Sabbath Bloody Sabbath ou encore Killing Yourself To Live. On peut également évoquer DANZIG ou CANDLEMASS pour donner une idée du niveau qualitatif. Le constat est d'autant plus positif que SAHG ne se contente pas de pratiquer une formule, si envoûtante soit-elle ; il la met au service de compositions solidement charpentées, tant sur le plan rythmique que mélodique.

En fait, SAHG vient de réussir son œuvre suprême, un pur envoûtement combinant puissance et circonvolutions mélodiques étranges. Pour apprécier à sa juste valeur cet album, il faut sans nul doute avoir le goût des voyages intérieurs et savoir larguer les amarres. On se revoit à la prochaine escale...

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Alain
Date de publication : dimanche 25 septembre 2016