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04/11/2016
Pagan science
THE WELL
 
Décidément, les dernières années de la décennie 60 et les premières de la suivante représente pour les jeunes formations une source inépuisable d'inspiration. C'est à nouveau le cas pour THE WELL, jeune trio originaire d'Austin, Texas. Ayant d'ores et déjà récolté des éloges en 2014 avec son premier album Samsara, la bassiste et chanteuse Lisa ALLEY, le guitariste et chanteur Ian GRAHAM et le batteur Jason SULLIVAN ont derechef emprunté le combi Volkswagen de leurs parents pour se payer une virée impayable.

Preuve que THE WELL s'intéresse à l'écologie globale de cette période musicale qui vit s'épanouir successivement le Blues Rock, le Rock psychédélique et le Hard Rock, le trio livre une reprise de Guinevere, composition qui figurait sur le splendide premier album de CROSBY, STILLS & NASH en 1969. Évidemment, le traitement réservé à ce titre s'avère singulièrement plus électrique et lourd que l'original mais les harmonies vocales fantomatiques de Lisa et Ian assurent le lien avec la version originale. Pour le reste, le morceau se trouve plongé dans un bain de Metal lourd traversé par des courants acides.

Car tout l'intérêt de THE WELL est de partir d'une base Heavy Rock assez classique, pour l'emmener ailleurs. Les fondations sont donc relativement simples et connues : une batterie laconique plante sèchement des clous dans votre cortex cérébral, une basse épaisse anime les rythmiques d'un groove pachydermique et la guitare enquille les riffs grésillants et les solos incisifs et bluesy. A ce titre, THE WELL est un digne perpétuateur de BLUE CHEER et consorts.

Si l'on en restait à ce stade, Pagan Science serait un album efficace et sympathique, comme tant d'autres. Or, la dimension psychédélique apporte une toute autre dimension, plus contrastées, plus brumeuse, voire mystique. Il y a tout d'abord ce jeu permanent entre le chant masculin et féminin, les deux registres évoluant dans des registres assez laconiques, presque déclamatoires. D'où un rendu spectral renforcé par un mixage qui renvoie le chant au milieu des instruments et qui le plonge dans une réverbération permanente.
Et puis la guitare fuzze, grince ou au contraire s'apaise, échappant aux écueils du bruitisme gratuit et de la joliesse niaise. Certaines séquences s'intensifient, sans avoir recours à l'accélération de tempo, versent dans une psalmodie électrique étourdissante, avec le renfort d'arrangements presque orientalisants.

Bref, THE WELL donne à voyager aux auditeurs, tout en maîtrisant ses compositions (pas de jams interminables) et en leur conférant un cachet contemporain (certaines rythmiques dégagent un feeling Doom) tout à fait compatible avec les apports plus anciens.
Alain
Date de publication : vendredi 4 novembre 2016