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09/05/2017
Sea black
SINLUST
 
En 2011, le quartette breton SINLUST avait autoproduit son premier album, le conceptuel Snow Black. Paraît aujourd'hui sa suite, tout aussi conceptuelle, Sea Black. Notons que l'histoire du royaume insulaire d'Isulgaar avait fait l'objet d'une parution sous la forme d'un roman logiquement intitulé Noire Neige, sous la plume de Nicolas SKINNER, alias Firefrost, chanteur de SINLUST ; la sortie de Sea Black coïncidera avec la parution du roman Noire Mer, par le même auteur. Car les musiciens SINLUST semblent posséder une saine ambition qui consiste à combiner un Black Métal épique avec un univers de Fantasy qui ne se résume pas à une poignée de clichés.

L'élément le plus frappant quand on débute l'écoute de Sea Black, c'est la qualité extrême apportée à la dimension formelle. Non seulement l'interprétation témoigne d'une parfaite maîtrise instrumentale, mais la production et le mixage ménagent un équilibre idéal entre âpreté et violence froide d'une part, précision et clarté d'autre part. On est évidemment bien loin du Raw Black Métal, sans toutefois tomber dans les boursouflures du Black Métal symphonique.

En conséquence de quoi, les guitares assurées par le fondateur Chris In Lust vous tourmentent de manière très contrastée. On peut alternativement apprécier de se faire écorcher par des riffs de guitares grinçants et aiguisés et à de nombreuses reprises se faire piéger par des plages nettement plus posées et mélodiques. Piéger ? Certes, car quand SINLUST se fait mélodique, il ne faut en aucun cas imaginer on ne sait quelle joliesse flatteuse ; les mélodies très simples égrenées par les guitares insinuent au contraire un sentiment d'inquiétude et d'angoisse.
De son côté, la section rythmique assure sans sourciller les parties les plus intenses et les plus rapides mais elle n'est jamais prise en défaut quand il faut décélérer et varier les plaisirs en introduisant des plages plus pondérées quant au tempo.
Le chant demeure à mon sens l'élément le moins dompté, le plus rugueux chez SINLUST. Même si la prise de son permet une intelligibilité des lignes de chant, le phrasé et le timbre de Firefrost exsudent une violence glaciale, presque haineuse par moments. Le résultat est on ne peut plus expressif !

D'une manière générale, SINLUST se refuse à céder à la facilité des effets de manche et pratique une version relativement austère du Black Métal épique et développe un univers dont on ressent bien le froid humide, la noirceur hostile et la violence sèche, autant d'éléments qui donnent vie au cadre narratif développé par le groupe.

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Alain
Date de publication : mardi 9 mai 2017