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20/05/2017
Red dirt & zero gravity
BULL TERRIER
 
Les Alsaciens de BULL TERRIER avaient publié en 2014 leur premier album auto-produit, baptisé Be Like Water. 2017 voit donc la parution du successeur Red Dirt & Zero Gravity. Autant le nom que s'est choisi le groupe donne à penser que nous avons affaire à des brutes , autant le répertoire ici proposé se situe à mi-chemin du Doom classique et du Stoner, plus une patine un peu crasseuse digne du Sludge. Sans compter une dimension sonore en rapport avec le cadre spirituel palpable sur le visuel et dans les paroles.

BULL TERRIER
a repris du Doom Metal classique cette pratique des rythmiques lourdes, des ambiances sombres et des cheminements biaisés, dans le droit fil de ce que SAINT VITUS et THE OBSESSED cristallisèrent au début des années 80. Le rendu est sinueux, un brin oppressant, subtilement inquiétant.
Accaparer l'épaisseur et le sens de la suspension du Stoner est incontestablement une bonne idée afin d'insuffler une élasticité qui permet d'animer les rythmiques. On saluera notamment le travail du bassiste Nicolas YILDIZ qui dégage un son énorme et vrombissant, absolument terrassant, parfaitement accordé avec les riffs charbonneux de Yoran HILLION, contrastant avec la frappe sèche du batteur Nicolas BREHM. Le titre Trouble représente parfaitement cette facette Stoner propulsée par un groove pour le moins épais.
Pour parfaire le tout, de ces rythmiques pour le moins ombrageuses se dégagent une vibration sale, un peu malsaine, qui fleure bon le Sludge. A vrai dire, certains passages ne dépareilleraient absolument pas au sein du répertoire de CROWBAR !
Le chant clair mais légèrement rauque de Jonathan GUYOT ne fait pas dans la fioriture mais le vocaliste sait introduire suffisamment de variations et de nuances pour que ses lignes de chant soient expressives et ne se contentent pas du registre par trop limitatif de l'agressivité.

Après cette revue de tous les éléments porteurs d'ombre et de puissance, il faut tout de même mettre en avant deux dimensions qui enrichissent considérablement les compositions. En premier lieu, évoquons les interventions du guitariste soliste Vincent JAEGER, lequel est tout aussi capable de vous foudroyer avec un solo précipité à la Tony IOMMI ou de se livrer à des prestations plus posées, au feeling bluesy mettant en valeur son sens de la mélodie et son toucher : écoutez le solo introductif de long Uncanny Tales pour comprendre le sens du dosage et du feeling. Des effluves psychédéliques flottent de surcroît sur certaines interventions. Un atout majeur qui illumine par contraste un ensemble globalement porté sur l'obscurité.
Ensuite, si le nom du groupe renvoie prosaïquement à la gente canine, le titre de cet album, les paroles des morceaux et les illustrations indiquent plutôt une orientation ésotérique, voire spirituelle. Orientation musicalement concrétisée par l'introduction instrumentale de l'album, Aurorae, affiche fièrement sitar et om.

Finalement, le seul regret que l'on peut avoir concernant Red Dirt & Zero Gravity concerne le son qui me semble un peu trop étouffé pour permettre de valoriser à leur juste proportion les nuances bien réelles de ce Stoner Doom solide. A l'avenir, BULL TERRIER pourra en toute confiance accentuer ses tendances aventureuses pour se démarquer davantage.
Alain
Date de publication : samedi 20 mai 2017