17 / 20
06/08/2017
Prophecies and lies
DEMON EYE
 
Depuis son premier mini album Shades Of Black, autoproduit en 2013, le groupe de Caroline du Nord a alimenté sa discographie avec régularité : Leave The Light en 2013, Tempora Infernalia en 2015 et aujourd'hui Prophecies And Lies. Déjà prometteur sur ses deux premiers efforts, DEMON EYE confirme haut la main, sans rien renier à son optique initiale, à savoir une fidélité au Heavy Metal tel qu'il fut pratiqué à la fin des années 70 et au début des années 80, ce qui inclut forcément la célébrissime New Wave of British Heavy Metal. Autrement dit, DEMON EYE privilégie une approche humble, directe, nerveuse, sans bavardage ni démonstration technique.

Très honnêtement, aux origines de ce Heavy Metal mythique, beaucoup de groupes s'avéraient incapables de transcender la linéarité intrinsèque du genre : n'était pas JUDAS PRIEST qui voulait ! L'actuelle vague de revival réactualise à l'identique le problème. Mais DEMON EYE s'impose comme l'une des rares formations capables de déjouer les pièges.

Et pourtant, les compositions de cet album cochent toutes les cases : riffs secs et teigneux, batterie sèche, chant clair et un peu aigre, son limpide et sans fioritures. D'après les critères audio du 21ème siècle, Prophecies And Lies a tout pour sonner daté et faiblard. Et pourtant non. On peut trouver deux raisons principales à cette performance.

En premier lieu, il faut souligner la capacité du groupe à composer et à arranger ses morceaux de manière à proposer des accroches rythmiques et mélodiques efficaces. Il est évident que les plans de guitares jumelles venant en appui des riffs bien secs et tranchants créent du relief et de la dynamique. Même les lignes de chant proposent systématiquement des modulations qui, pour être légères, n'en captent pas moins l'attention.
Le groupe préfère aller à l'essentiel, sans jamais verser dans le simplisme. Pour autant, il sait aussi se ménager des plages plus nuancées, comme sur le tendu et contrasté Prophecies And Lies ou sur le titre le plus long de l'album, Morning's Son, qui développe une ambiance épique durant un peu plus de sept minutes.

En second lieu, et cela ne diminue en rien les vertus intrinsèques de DEMON EYE, il faut évoquer la production de Mike DEAN. Oui, nous parlons bien du bassiste au son énorme de CORROSION OF CONFORMITY. Il réalise ici une performance en préservant la clarté et la relative aridité du son initial de DEMON EYE, tout en insufflant une dynamique énorme, qui passe notamment par la basse (comment s'en étonner ?!).

A l'arrivée, nous tenons un album certes pas révolutionnaire mais profondément addictif, que l'on a envie de réécouter à peine terminé. Le tout sans effets de manche, sans artifices de production : juste un Heavy Metal chromé et jubilatoire.
Alain
Date de publication : dimanche 6 août 2017