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17/09/2017
Volva
ECHOLOT
 
Ils sont trois, ils sont Suisses, ils ont déjà sorti un album, I, en 2016, et récidivent avec Volva. Leur monde ? Le psychédélisme. Bien que le Rock psychédélique ne soit pas un genre musical à part entière mais plutôt une manière de traiter le son et les structures, que ceux-ci soient originellement du Rock, du Blues, de la musique progressive ou du Hard. Le premier album du groupe ne comprenait qu'un seul titre, subdivisé en trois mouvements (écoutez, regardez, planez : cliquez ici), Volva comprend quatre morceaux qui ressemblent à autant de longues jams dans l'espace. Longues ? La piste III fait figure de naine avec ses 10'28, dominée par la II (12'36), la V (16'07) et la culminante IV (16'40). Les esprits déductifs auront remarqué que les titres de Volva poursuivent la numérotation entamée sur le premier album...

Quand on a autant d'espace, on a le choix : se lancer dans des constructions complexes, techniques, voire épiques, ou prendre son temps. Pas adeptes de la fébrilité et de la rapidité, nos Suisses privilégient les développements lents, comme en suspens. Omniprésente, la guitare n'a de cesse de lâcher des notes aigres, tremblotantes, traversées par des vibrations et renforcées par des échos profonds. Cela dit, il ne faut pas trop s'y fier car, ponctuellement, cette même guitare lâche des riffs de plomb qui ne dépareraient en rien dans un contexte Doom ! Et dans ces moments-là, la section rythmique se fait implacable, voire titanesque. Alors que dans les passages plus intimistes ou plus planants, les lignes de basse ventrues se font plus subtiles, par moments presque feutrées. Souplesse et finesse également du côté de la batterie. L'intensité et la cohésion sans failles de la paire rythmique permettent à la guitare de multiplier les registres.
Sur ce canevas à la fois riche en profondeur et dense, la guitare s'adonne qui plus est à des pratiques bruitistes typiquement psychédéliques et à des divagations solos électrisantes, un peu comme si Jimi HENDRIX avait eu l'occasion de se plonger dans le Post Rock.
En comparaison de ces vecteurs instrumentaux de voyage musicaux, le chant, clair et posé, paraît un peu pâle, un peu neutre ; d'ailleurs, il est mixé en retrait et occupe au final peu de place dans ces espaces immenses. Il gagne en relief quand il se fait brièvement halluciné et flippant au milieu de V.

Volva n'est pas le disque de tout le monde ou plutôt de n'importe qui. Ceux qui ne misent que sur l'efficacité à court terme peuvent faire un détour car il faut clairement accepter de prendre son temps, comprendre que la puissance ne passe pas forcément par la violence. Il faut aimer que les riffs, les structures les textures se troublent, se dissolvent pour mieux progresser dans ces cieux où l’éclaircie ne fait qu'annoncer l'approche, lente mais inexorable, d'orages implacables. Volva peut faire converger les mordus de Sludge et de Stoner, les zélateurs de HENDRIX, PINK FLOYD, HAWKWIND et TOOL : le gathering of tribes, comme il disait en 1967.

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Alain
Date de publication : dimanche 17 septembre 2017