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16/12/2017
Conduit
KING GOAT
 
Les plus fins connaisseurs de l'underground objecteront peut-être que Conduit, premier album de la formation britannique KING GOAT, a d'ores et déjà connu en 2016 une publication auto produite par le groupe. ce à quoi nous répondrons aux tatillons que le label italien Aural Music propose une version enrichie de cet album (ainsi qu'une nouvelle illustration) ; en effet, outre les cinq titres originaux (pour une durée de plus de quarante minutes), on a droit à trois compositions (26' supplémentaires tout de même !) qui constituaient le premier EP éponyme du groupe (fin 2013). Hormis ces précisions de versions, il faut surtout souligner l'incroyable qualité intrinsèque de la musique de KING GOAT, qui semble en capacité de synthétiser incroyablement bien le Doom Metal épique et le Metal progressif, sans oublier des arrangements de grande qualité dénotant des influences extérieures au Metal.

Sans excès de lyrisme, sans pompe inutile, KING GOAT maîtrise à merveille les fondamentaux de cette branche du Doom initiée par CANDLEMASS : des riffs lourds et tordus, une section rythmique appuyant lourdement chaque riff mais assurant une minimum de mobilité et de vivacité, des solos de guitare lumineux, porteurs de mélodie et d'émotions. Et puis, il y a cette voix, la plupart du temps grave et solennelle, puissamment posée sur des lignes de chant mélodiques, proprement hypnotiques et fascinantes. Si l'on ajoute une capacité à emprunter des tournures plus grondantes et féroces (à la limite du Death Metal), je puis vous affirmer que Trim, chanteur de KING GOAT, s'impose ici comme un vocaliste de tout premier plan !!! Ponctuellement, ce chant si prenant se trouve rejoint par une voix féminine et l'on plonge encore plus dans un bain émotionnel...

Quand bien même on en resterait à ces qualités typiquement Doom, KING GOAT aurait frappé un grand coup. Mais le groupe pousse son avantage en complexifiant raisonnablement mais notablement ses structures, n'hésitant pas à chasser la monotonie en introduisant des accélérations, des cassures de rythmes et des passages plus calmes, sereins ou inquiétants. Les guitares se font plus claires, plus pondérées, nous renvoyant vers l'univers complexe d'un FATES WARNING, avec parfois des connotations presque ethniques ou psychédéliques. Aucune faute de goût dans ces intermèdes car la durée conséquente des compositions - entre six et presque douze minutes - permet de construire une dramaturgie équilibrée, entre ombre et lumière, force et douceur.

Incontestablement, KING GOAT a signé un premier album absolument magistral et l'on a hâte de découvrir le second opus, d'ores et déjà planifié pour 2018.

Vidéo du titre Conduit : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 16 décembre 2017