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03/01/2018
Fallen kings
WIZARD
 
“My Son, ask for thyself another Kingdom, for that which I leave is too small for thee...”

Ah, merdum !! Ce n’est pas ce que je voulais écrire...J’ai l’Alzheimer qui commence ou quoi, moi ?

Mémoire #1...Check...Mémoire #2...Check aussi...Mémoire #3...OK...Bon, tout à l’air de fonctionner correctement dans ma cervelle gélatineuse, pourtant...

Bon, ça doit être un p’tit bug système...Je redémarre mon architecture neuronale d’exploitation et je suis à vous dans quelques instants...Merci par avance pour votre patience...

Shutdown du système cognitif et du néo-cortex dans 5...4...3...2...1...Biiiiip...Démarrage du bios en cours...Chargement de la dernière version de l’OS mis à jour...Ouverture de la session user...Mise en marche des services et programmes...Vérification des définitions d’anti-virus les plus récentes...

Lancement du software du traitement de texte métallique...

Bon, je suis opérationnelle. ^^

Nom d’un crâne complètement vide ! J’ai omis d’ouvrir la biographie de la formation germanique dont j’ai mission de vous faire découvrir aujourd’hui si vous ne la connaissez pas déjà.

Allez, j’y go !

Il était une fois, quelque part dans les verts pâturages de Bocholt, une jolie petite commune située dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, frontalière avec la Hollande, une bande de copains qui rêvaient d’aventures épiques, de créatures monstrueuses et de batailles monumentales. Ces jeunes, fans ultimes de l’oeuvres de Tolkien et des pérégrinations de Conan Le Barbare, décidèrent d’un commun accord à la toute fin des années 80 de se lancer, eux aussi, à la poursuite de leurs aspirations les plus profondes à la manière d’un MANOWAR déjà bien établi. Deux printemps plus tard, en 1991, la bande de joyeux lutins enregistrèrent une démo (Legion Of Doom), dont l’intitulé révélait très clairement l’orientation thématique et musicale choisie par ces ménestrels en herbe, puis se mirent en quête d’un public dévoué, à la fois pour établir plus sérieusement son influence sur une scène heavy metal sénescente, éclipsée par l’émergence d’un nouveau courant largement plus brut, moins brutal mais non moins rebelle incarné par NIRVANA, PEARL JAM, SOUNDGARDEN ou ALICE IN CHAINS, totalement à l’opposé de la délicate orfèvrerie métallique, et aussi pour se roder à la pratique instrumentale. Ainsi, WIZARD naquit réellement avec l’apparition dans les bacs quatre ans plus tard de Son Of Darkness, premier véritable témoignage studio de la troupe de guerriers du true metal à l’allemande. Plutôt surprenant pour un début, cet opus s’écoute sans mal grâce à ses riffs catchy et ses rythmiques belliqueuses. Assez rapide dans l’ensemble, il définira le son WIZARD, même si le quatuor (à l’époque) continuera à expérimenter pour faire évoluer son identité phonique. Alternant entre rondelles de très bon aloi (Bound By Metal, Head Of The Deceiver, Odin, Thor), moyennes (Goochan, ...Of Wariwulfs And Bluotwarves, Trail Of Death) ou relativement décevantes (Battle Of Metal, Magic Circle), WIZARD a su marquer de son empreinte, certes de manière assez discrète, son époque et s’imprégner dans les esprits. Ce qui lui a permis de tenir bon malgré des hauts et des bas qui ont secoué l’industrie musicale tout entière et, en particulier et surtout, le monde enjoué des metalheads.

Après quelques lumineuses mais trop plates réalisations, les teutons ont décidé de muscler le ton et d’accepter leur côté sombre sur le, selon moi, très intéressant Trail Of Death. Album « conceptuel » sur la Mort qui, pour l’occasion a été tournée à toutes les sauces, celui-ci est détonnant et plein de testostérone. La virilité gicle de partout. Mais, visiblement, c’est tout bénéf pour le heavy-power-metal-de-la-mort-qui-tue-et-roule-des-mécaniques-en-tabassant-de-l’orc-à-tout-va-à-coups-de-piolet-dans-la-tronche et ses interprètes imbibés d’adrénaline. Ce petit tournant stylistique a ravivé la flamme et aurait pu continuer à défoncer des gueules pendant quelques années.

Cela dit, cela aurait été ennuyeux à la longue sachant que chaque troubadour en ce bas monde est appelé à évoluer. Sa vision de la réalité et ses goûts changent. Du coup, son art est de ce fait forcément synchrone et, par conséquent, fluctuant. Ainsi, les mecs de WIZARD ont décidé de mettre les petits plats dans les grands avec un nouveau microsillon mêlant à la fois puissance, grandiloquence et mélodie. Fallen Kings, de son joli petit nom, est petit chef d’œuvre et une démonstration de la part des germains qu’ils restent toujours aussi inspirés que par le passé. D’ailleurs, ce douzième disque est un cocktail explosif entre ce qu’ils ont pu faire de mieux sur Bound By Metal, Odin et Thor et la hargne de ...Of Wariwulfs And Bluotwarves et Trail Of Death.

Même si le combo ne se révolutionne pas, il se réinvente un peu et arrive à prouver que, malgré les montagnes russes qualitatives selon ses offrandes antérieures, il sait encore divertir et donner de la chair de poule. Il l’a fait sur Trail Of Death dernièrement. Il le refait sur Fallen Kings.

Du point de vue des paroles, le quintet reste sur la même ligne, c’est à dire des textes liés à la mythologie nordique, les conflagrations héroïques, les hommages au métal et la fantasy.

Côté musique, par contre, quelques modifications sont perceptibles. Déjà la production, d’une étonnante clarté qui magnifie l’ensemble des compos. Ensuite, le jeu en lui-même qui s’avère plus carré. Enfin, la structure même des titres qui repose énormément sur les rythmiques massives et cavalières. La basse est bien plus présente, ce qui s’avère une agréable surprise car elle permet un contraste saisissant entre les mélodies à la guitare et les cadences à la batterie.

Mes plus grands crushes sur Fallen Kings sont au nombre de deux : l’épique Live Your Life et ses sept minutes et quelques de pur bonheur et d’homérisme bienvenus, ainsi que Father To Son et son refrain syncopé bâti sur un canon vocal séduisant, une première pour Sven D’ANNA, le chanteur-conteur (dont l’organe vocal ressemble quelque peu à celui d’Andy B. FRANCK de BRAINSTORM, soit dit en passant), si je ne me trompe pas, n’ayant pas réécouté les albums précédents de WIZARD depuis plus d’un an maintenant, si ce n’est Trail Of Death sur lequel j’ai posé à nouveau une oreille attentive il y a une semaine à mon réveil. Cela ne veut pas dire que les autres chansons soient moins bonnes, bien au contraire. C’est juste que les deux pistes que je viens de citer me parlent plus de par l’aura que chacune d’entre elle dégage. Et aussi parce que leurs mélodies respectives sonnent plus agréablement que celles des autres pistes, même si, je le répète, les autres chansons ne sont pas mauvaises du tout. Cela dit, j’ai ressenti plus d’inspiration et de punch sur ces deux-là.

Pour ouvrir le bal, quoi de mieux que de commencer par un morceaux pêchu (Liar And Betrayer) à la manière d’un Fire And Blood sur Magic Circle, ceci pour mettre dans l’ambiance des combats et périples légendaires à la Conan le Barbare et des Vikings et de terminer par quelque chose de plus surprenant et moderne, You’re The King, et son squelette plus actuel quasiment thrashy ? Entre ces deux pistes, WIZARD alterne compos toujours musclées mais plus ou moins frénétiques en fonction des tempi voulus par les musiciens. Comme ce We Are The Masses et sa rythmique martiale qui sonne presque comme déclaration d’hostilités face à l’ordre établi à la manière d’un MANOWAR qui, pour l’occasion, aurait mis un peu en sourdine sans, toutefois, renier sa personnalité. Live Your Life s’empare ensuite de la place de choix, étant donné qu’il s’agit de la chanson la plus longue et épique de ce Fallen Kings survolté. Ce morceau résume à lui seul l’ambiance et la force qui se dégagent de ce désormais douzième opus du groupe teuton. D’où mon atome crochu pour cette troisième piste. Avant que celle-ci ne s’efface pour laisser apparaître trois titres plus classiques que son Brothers In Spirit, White Wolf et Wizard Until The End. La confession intime d’un papounet à son fiston se dévoile enfin avec Father To Son et ses chants masculins barytons en canon. Pour parachever cette œuvre de laminage massif, WIZARD revient une nouvelle fois à ses fondamentaux avec Let Us Unite et l’hymne de heavy metal traditionnel qui ne devait pas manquer sur Fallen Kings et ses soli monumentaux, les meilleurs figurant sur la rondelle, Frozen Blood et son atmosphère dramatique.

Avec Fallen Kings, WIZARD ne change quasiment rien à son efficace formule, mais révolutionne quand même son identité. Une véritable prouesse selon moi, car peu de formations power ont su se débrouiller aussi bien pour se renouveler après une carrière aussi fructueuse. Fallen Kings est l’apogée de l’art du Sorcier germain. Il va être très difficile pour le Gandalf d’outre-Rhin de se dépasser encore et de nous offrir un présent plus élaboré que celui-ci, tant la qualité de composition et d’interprétation est au rendez-vous. Après un Trail Of Death qui arborait un côté sombre séducteur, voilà que la lumière (re)fût dans le sillage du quintet batailleur avec Fallen Kings et sa superbe pochette réalisée par Aldo REQUENA a.k.a. VALGORTH. Rajoutant à cela le fait que c’est le grand Achim KÖHLER, qui a forgé le son des meilleures formations allemandes comme brainstorm, PRIMAL FEAR ou SINNER (et pas qu’elles évidemment), qui s’est une nouvelle fois penché sur le boulot de ses compatriotes de WIZARD. D’où le très bon aloi des albums de la formation depuis l’excellent Thor. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais été aussi ravie avec un opus du groupe, exception faite de Trail Of Death. Du coup, il me paraît honorable de vous inviter au voyage initié par nos cinq compères sur ce très honorable Fallen Kings qui, malgré son patronyme tristounet, nous présente ici, au contraire, un aspect plutôt rayonnant et surprenant de la troupe de ménestrels de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Sans tomber dans la parodie d’eux-mêmes ou du MANOWAR de la grande époque, les mecs de WIZARD nous délivrent une performance sincère et millimétrique qui rassure quant à l’avenir du combo. Comme quoi, l’idée de prendre quatre années pour ciseler et peaufiner au détail près leur dernier né était carrément judicieuse. Comme quoi, prendre du temps à la création, ne pas se précipiter, ça a toujours du bon, sauf si les excellentes idées fusent et qu’elles ne peuvent pas attendre de voir le jour. Fallen Kings est assurément une ode au metal face à laquelle il serait un sacrilège de ne pas s’attarder. Surtout si vous êtes des fans de MANOWAR, WISDOM et/ou HAMMERFALL. Alors, un petit conseil de la part de la chroniqueuse pompe-l’air que je suis : « Let us unite, ‘cause we are brothers (and sisters) in spirit, we are the masses and we have to live our lives, as the father told to his son (and daughter) ! »


Line-up :

Sven D’ANNA (chant)
Dano BOLAND (guitares)
Michael MAASS (guitares)
Arndt RATERING (basse)
Snoppi DENN (batterie)


Equipe technique :

Achim « Akeem » KÖHLER (production, mixage, mastering)
Aldo « Valgorth » REQUENA (artwork)
SINNESWERK (design du livret)
Jochen VAN EDEN (photographie)


Studios :

Enregistré au sein des locaux du Steel Studios (Bocholt, Allemagne)
Mixé et masterisé au sein des locaux du Indiscreet Audio (Allemagne)


Tracklist :

1) Liar And Betrayer
2) We Are The Masses
3) Live Your Life
4) Brothers In Spirit
5) White Wolf
6) Wizard Until The End
7) Father To Son
8) Let Us Unite
9) Frozen Blood
10) You’re The King
11) We Are Ready For Metal [Bonus]
12) The King [Bonus]

Durée totale : environs 58 minutes.


Discographie :

Legion Of Doom [Demo] (1991)
Son Of Darkness (1995)
Battle Of Metal (1997)
Bound By Metal (1999)
Head Of The Deceiver (2001)
Odin (2003)
Magic Circle (2005)
Goochan (2007)
Thor (2009)
...Of Wariwulfs And Bluotvarwes (2011)
Taste Of Wizard [Compilation] (2012)
Trail Of Death (2013)
Fallen Kings (2017)


Date de sortie :

Vendredi 16 Juin 2017



Liar And Betrayer (Clip officiel) : cliquez ici
神の知恵
Date de publication : mercredi 3 janvier 2018