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15/02/2018
Thunderbolt
SAXON
 
- Nom de Zeus, Marty ! J’ai oublié la DeLorean sous la pluie ! Elle va rouiller !
- Mais, Doc, as-tu oublié qu’elle est en inox 18/10 ? Et que, par conséquent, elle ne risque pas de finir comme une épave au fond de l’océan ?
- Par Einstein, petit, tu as raison ! Cela dit, tu vois ces éclairs dehors ?
- Oui...Et alors ?
- Et alors ? Ma caisse n’est pas résistante au feu et si jamais la foudre lui tombe dessus, le réservoir de plutonium et son auxiliaire rempli d’ordures ménagères vont griller et, caput, la bagnole...Exactement comme l’horloge de la mairie de Hill Valley...Comprendo, amigo ?
- Pas de panique, Doc, elle ne risque pas un coup de tonnerre cette nuit !
- Tu crois ça, McFly ? Ne sois pas si naïf, voyons, avec Biff Nosferatu au dehors, un mauvais tour est si vite arrivé...Et bye bye, le secret qui rend possible le fait que ma Brown Mobile puisse voler aussi bien au-dessus des embouteillages !
- OK, mais il n’y a aucun prédateur de bagnole dans le coin, surtout de tas de ferraille pareils, franchement, Doc...
- Attention, p’tit gars, c’est de mon invention dont tu parles !!
- MDR, même si ton autoradio jouait du rock’n’roll, ta guimbarde ne vaudrait rien, ouvre les yeux le scientifique...surtout quand on sait qu’elle tourne avec une célèbre marque de cola dont je ne citerai pas le nom pour ne pas faire de la pub à cette pollueuse qui pompe toute l’eau du monde, ou presque...
- Par les fils d’Odin ! Tu n’es qu’un ingrat, rejeton de George et Lauren ! Pense à tous les rencarts avec Jennifer rendus possibles grâce à ce trésor issue de mon ingéniosité ! Et ta course avec les marchands de vitesse de l’écurie Needles Douglas à ce croisement entre la troisième et cinquième rues au feu rouge ! C’est grâce à qui, hein, que tu as remporté ce rodéo urbain ? Pas au pape...Et surtout pas grâce à ce sniper de wild gunman...Et ce n’est pas en te racontant des histoires de sorcier farfelu que tu vas parvenir à me convaincre du contraire...Je ne suis pas un vieux roadie qui aurait besoin d’une chanson pour prouver son existence et sa valeur...Je ne suis pas né de la dernière flotte...Et surtout, j’ai un ancêtre saxon...Donc, bon, le heavy metal ça me connait...Et surtout, j’ai forgé ma tire dans l’atelier Olympus qui grimpe dans l’estime des gens...Et ce n’est pas rien...
- Je n’en doute point, Merlin du voyage spatio-temporel...
- Oh, et puis zut, je rentre mon fiacre et je me mets du battering ram plein les tympans pour ne plus entendre tes conneries, gamin ! Et tant que t’y est, avant de te barrer en enfer, là où je t’envoie volontiers, aurais-tu l’obligeance de régler tous mes réveils et de brancher ma gratte sur l’ampli, là, devant la gamelle du chien ? Ca va péter du feu de Dieeuuuuu avec ce Marshall 1992 100 Watts Super Bass !! Murder Oooooooone !!



SAXON est une formation britannique qui, depuis quatre décennies, n’a pas (presque) pas dévié d’un iota du chemin qu’elle s’était tracée depuis ses premiers balbutiements et continue depuis lors d’évoluer dans un heavy metal classique et racé qui trouve encore et toujours ses marques dans ce trouble et obscur vingt-et-unième siècle, pour le plus grand bonheur des irréductibles de la New Wave Of British Of Heavy Metal, dont je fais partie intégrante, mais également pour les plus jeunes des métalleux qui découvrent ainsi les racines d’un genre musical intemporel, un peu comme la trilogie de Robert Zemeckis, qui n’a pas pris une ride depuis le milieu des eighties, et surtout la fameuse automobile du fabriquant DMC qui, d’ailleurs, vient de retrouver une jeunesse bien méritée au travers de sa récente remise en production.

C’est ainsi que, continuant sur sa lancée, après des années de bons et loyaux services et deux excellents albums, Sacrifice et Battering Ram, les britanniques nous gratifient à nouveau d’un opus solide, toujours ancré dans un glorieux passé, mais avec quelques sensibles évolutions qui permettent au heavy traditionnel du quintet de se rafraîchir un tantinet de plus que sur son prédécesseur.

Voilà qu’après un court instrumental en guise d’introduction, Olympus Rising, glaçant et cinématographique à souhait, les « papys du rock » se lancent dans une énergique ritournelle intitulée éponymement Thunderbolt. Ce titre, très bon au demeurant, n’est, toutefois, pas le meilleur sur cette rondelle. Du moins, il ne s’agit pas d’un coup de tonnerre à proprement parler, même s’il aborde une thématique mythologique. Loin d’un Terminal Velocity ou d’un Man And Machine, Thunderbolt a un feeling relativement vintage qui plaira à coup sûr, même si le refrain est un peu téléphoné. Cela dit, l’enchaînement des couplets rappelle Battering Ram et la sonorité apportée par Andy SNEAP donne à cette compo une connotation actuelle très aguichante. Et, conséquemment, il s’agit là d’un hymne taillé exclusivement pour la scène, comme le précise la vidéo officielle qui va avec, tournée on ne sait trop où. Suit l’un des morceaux de choix, l’entraînant Secret Of The Flight, sorte d’hybridation entre Valley Of The Kings sur les chorus et Metalhead pour la lourdeur caractéristique de la formation anglo-saxonne quand elle se met en mode « bad boys ». La voix de Biff est toujours aussi majestueuse quand elle nous raconte de fantastiques histoires liées à la liberté, notamment celle des oiseaux de métal qui planent avec une étonnante aisance dans les cieux. Et en profite pour nous offrir sur un plateau d’argent les secrets de ces magnifiques rapaces d’acier pour trancher dans les airs à des vitesses fulgurantes. Vraiment passionnant. Nosferatu (The Vampire’s Waltz), quant à elle, est une sérénade en mid-tempo dans la droite lignée de Queen Of Hearts de par son atmosphère pesante, son orgue du début plaçant immédiatement l’auditeur/trice dans le vif du sujet. Le reste de la quatrième piste est parsemée par des orchestrations fantomatiques qui donnent un effet de film d’épouvante. D’ailleurs, Nosferatu (The Vampire’s Waltz) aurait pu facilement figurer sur la bande originale du long métrage du même nom interprété par Max Schreck (non, ce n’est pas le gentil ogre vert adepte du dégazage sauvage, compagnon de route de l’Âne et prétendant de la princesse Fiona) dans le rôle du compte Orlock a.k.a. Nosferatu dans la version muette de 1922 réalisée par Friedrich Wilhelm Murnau. Cette chanson aurait également pu servir de fond sonore pour les films mettant en scène Christopher Lee en tant que Dracula. Cela dit, son visage théâtral aurait pu, enfin, s’intégrer parfaitement dans le décorum du grotesque et fantasque Bal des Vampires. Même si, comme pour Queen Of Hearts, mon opinion aurait tendance à relativiser la qualité intrinsèque de cette composition, qui ferait presque un peu « tâche » sur le disque, elle semble plus digérable au fur et à mesure des écoutes jusqu’à son appréciation complète et sa compréhension totale de la raison pour laquelle elle figure sur Thunderbolt.

Les choses vraiment sérieuses commencent dès lors que They Played Rock And Roll s’engage dans le lecteur à la conquête de nos oreilles. Cet hommage non dissimulé à MOTÖRHEAD s’est emparé de mon cœur à la minute pile poil où je l’ai découvert sur YouTube quand SAXON l’a uploadé sur sa chaîne. Franchement, mais quel pied, ce titre. Structuré de sorte à ce que la trame principale se calque sur une ossature extrêmement proche de celles qu’affectionnait particulièrement Lemmy KILMISTER, le bassiste emblématique du power trio, They Played Rock And Roll conserve cependant une patte personnelle saxonne tout à fait reconnaissable. Même si le riff répétitif à la guitare est (trop ?) suggestif des missiles balistiques tels que Ace Of Spades, Bomber ou, plus récemment, Killers et Trigger, l’identité du quintet est toujours là, prête à bondir pour vous prendre à la gorge, comme le Predator qui s’invite peu après et qui déchire pas mal grâce à l’invité surprise qui seconde agressivement Biff, le très barbu Johan HEGG et sa délicate petite voix d’outre-tombe. Pour votre information, si vous vous questionnez sur cette surprenante collaboration, SAXON a déjà tourné avec la horde d’AMON AMARTH et c’est, donc, très naturellement que le projet de ce duel vocal a émergé du néant dans la tête de Sir BYFORD, le blondinet étant assez proche du grand gaillard poilu du menton issu de la péninsule scandinave. Ce pamphlet semi-guttural relève, d’ailleurs, la problématique de la place humaine dans ce monde. Du moins, assez insidieusement. Mais, cette suggestion est bel et bien présente. Retour à quelque chose de plus épique avec Sons Of Odin qui, vous l’aurez deviné, nous narre les aventures des navigateurs vikings et de l’honneur qu’ils avaient de mourir sur le champ de bataille. Cette épopée se rapproche textuellement de Crusader, Killing Ground, Lionheart et Battalions Of Steel, qui évoquaient principalement les grands moments de l’Histoire des chevaliers de la « Perfide Albion », tout en s’en détachant. Paul QUINN et Doug SCARRATT sont magistraux dans leurs parties respectives, tandis que le mid-tempo de Nibbs CARTER et Nigel GLOCKNER se veut martial à la MANOWAR. Puis, subitement, nous sortant de notre torpeur, Sniper ne rate pas sa cible. Il s’agit du morceau le plus rapide de l’album, avec Speed Merchant. Ces deux compositions sont, à mon humble avis, les plus efficientes et celles qui sont, qualitativement parlant, les meilleures pour secouer vos tignasses, bande de chevelu(e)s patenté(e)s ! ;) Trêve de « Laure & Halle, parce que je ne vaux rien ! », SAXON ne faisant pas (plus) dans le glam à paillettes, spandex, tutus turlututu lustucru chapeau point tû, mais dorénavant dans l’assassinat musical stylisé et les rodéos motorisés, ce qui n’est pas nouveau, vous en conviendrez avec votre chroniqueuse « adorée », si tant est que vous avez au moins autant de bouteille qu’elle. Entre les deux, se situe Wizard’s Tale, une sorte de lai burné qui se place du point de vue du célébrissime Merlin, enchanteur à la cour du roi Arthur. Pas de la Kaamelott, quoi... Enfin, puisque de SAXON nous n’en n’avons jamais assez, la folle équipée des ménestrels de Sa Majesté La Reine (Déneige...OK, jeu de mots aussi pourri que ma lanterne-citrouille de Halloween 2017, qui vient toutefois de me libéreeeeeeeeer, délivreeeeeeer du poids du non-dit depuis la débâcle francilienne, ouf !), Biff & co. nous présentent un dernier coup (de santiags au séant et de Jack dans le gosier) de maître, l’honorable Roadie’s Song qui, comme vous l’aurez deviné (ouaaaaais, c’est biiiennnn, vous connaissez votre anglais !) s’attarde sur les hommes et femmes de l’ombre, que l’on ne voit jamais, qui se décarcassent (comme Ducros) pour que les shows de vos artistes préférés soient une réussite tant en termes de son que de lights ou de scénographie. Ce morceau est un peu le Highway To Hell des britanniques. En un peu mieux quand même. Car plus heavy metal. Ce qui me convient totalement. N’en déplaise aux supporters de l’écolier cornu australien parmi vous. Petit cheveu sur la langue ou poil sur le caillou désertique d’un crâne kojakien et en guise de digestif, un petit rappel du suceur de sang, mais arrangé différemment, sans les orchestrations en arrière-plan. Je ne sais pas trop, finalement, laquelle des deux versions de Nosferatu je préfère. Même après une trentaine d’écoutes. La première, qui figure en quatrième position sur l’album, me semble plus captivante étant donné que l’atmosphère qui s’en dégage me semble plus propice à l’immersion et à l’effroi. La seconde, bonus track de l’opus sous sa forme digipack, me laisse quasiment de marbre, puisqu’il s’agit de la même chanson sans apparats.

Loin d’être une explosion massive qui pète les vitres de la Mère Michelle, mais qui fout une trouille d’enfer à son chat qui est parti se planquer dans la niche du chien, Thunderbolt reste toutefois une belle démonstration de force de la part de vétérans qui ont toujours quelque chose à dire après toutes ces années à sillonner les routes du monde entier et à graver pour l’éternité des tas de cantiques triomphaux que tous les initiés connaissent au moins de nom. Call To Arms était un interlude serein mais nécessaire après un Into The Labyrinth survolté, avant que l’écurie saxon ne se remette prestement et puissamment en course avec les excellents Sacrifice et Battering Ram. Thunderbolt est dans cette droite lignée, une foudre sphérique qui met en boule dans le bon sens et aiguise l’appétit métallique. Divergeant légèrement dans son contenu de son aîné, Thunderbolt garde éveillée en nous la flamme de la jeunesse, celle qui ne s’éteint jamais, à moins de se laisser volontairement emporter par le torrent de la Vie qui s’écoule inlassablement, nous amenant à ce que nous pensons être une fin certaine alors qu’il ne s’agit que d’un chemin vers le renouveau. Ce vingt-deuxième enregistrement studio est une perle phonique parmi tant d’autres que SAXON a enfilées sur le cordon de sa carrière professionnelle. Je ne sais si c’est la petite pilule bleue qui fait cet effet-là à nos chers troubadours, mais ils en ont gros dans le calebar, croyez-moi, vu comme ça fuse et ça martèle grave de tous les côtés sur Thunderbolt. Comme dans une usine sidérurgique. Un vrai déluge d’éloquence instrumentale et vocale. Un éclat de génie qui sautille espièglement de chanson en musicien tel une puce hyperactive sous caféine. Il est grand temps pour moi de m’incliner devant le talent de cette formation et de relancer une trente-et-unième fois sur ma platine ce Thunderbolt tempétueux.


Line-up :

Biff BYFORD (chant)
Paul QUINN (guitares)
Doug SCARRATT (guitares)
Nibbs CARTER (basse)
Nigel GLOCKNER (batterie)


Equipe technique :

Andy SNEAP (production, technicien son, mixage, mastering)
Paul Raymond GREGORY (artwork)
Billy LEE (photographie)
Steph BYFORD (artworks additionnels)
Buntmetall (design pochette, photographie pochette)


Guests :

Jonathan HEGG (chant sur Predator)
Seb BYFORD (chœurs sur Thunderbolt et Speed Merchants)
Tom WITTS (chœurs sur Thunderbolt et Speed Merchants)
Caleb QUAYE (chœurs sur Thunderbolt et Speed Merchants)
Corvin BAHN (claviers sur Nosferatu (The Vampire’s Waltz))


Studios :

Enregistré, mixé et masterisé aux Backstage Recording Studios (Derbyshire, Nord de l’Angleterre, UK)


Crédits :

Biff BYFORD (paroles et musique)
SAXON (musique)


Tracklist :

1) Olympus Rising (Instrumental)
2) Thunderbolt
3) The Secret Of Flight
4) Nosferatu (The Vampire’s Waltz)
5) They Played Rock And Roll
6) Predator
7) Sons Of Odin
8) Sniper
9) Wizard’s Tale
10) Speed Merchants
11) Roadies’ Song
12) Nosferatu (Raw Version) [Bonus Track]

Durée totale : 48 minutes environs.


Discographie non-exhaustive :

Saxon (1979)
Wheels Of Steel (1980)
Strong Arm Of The Law (1980)
Denim And Leather (1981)
Power And The Glory (1983)
Crusader (1984)
Innocence Is No Excuse (1985)
Rock The Nations (1986)
Destiny (1988)
Solid Ball Of Rock (1990)
Forever Free (1992)
Dogs Of War (1995)
Unleash The Beast (1997)
Metalhead (1999)
Killing Ground (2001)
Heavy Metal Thunder [Compilation] (2002)
Lionheart (2004)
The Inner Sanctum (2007)
Into The Labyrinth (2009)
Call To Arms (2011)
Sacrifice (2013)
Battering Ram (2015)
Decade Of The Eagle 1979-1988 [Compilation] (2017)
Thunderbolt (2018)


Date de sortie :

Vendredi 2 février 2018



Thunderbolt (Vidéo officielle) : cliquez ici

They Played Rock’n’Roll (Lyrics Vidéo Officielle) : cliquez ici

神の知恵
Date de publication : jeudi 15 février 2018