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21/04/2018
Tusen år
ABRAMIS BRAMA
 
Comme pour fêter dignement le vingtième anniversaire de l'enregistrement de sa première démo, les brèmes suédoises nous proposent leur septième album studio. Comme je le rappelais il y a quatre ans en chroniquant l'album précédent, Enkel Biljett (relire ici : cliquez ici), ABRAMIS BRAMA n'a certainement pas pris en marche la vague actuelle de revival du Rock et du Hard Rock de la fin des années 60 et de la décennie 70. Et pour cause, le groupe existe depuis la fin des années 90. De même, la formation demeure attachée au chant dans sa langue natale, inscrivant ainsi ses pas dans ceux du trio NOVEMBER qui fit de même de 1969 à 1972.

Aucune raison de changer ses habitudes et, fort logiquement, ABRAMIS BRAMA aligne une fois de plus un bon album de Heavy Rock inspiré par les années 70. Les compositions sont majoritairement déroulées en mode mid-tempo, sans aucune débauche de puissance ni de lourdeur. L'épaisseur est principalement apportée par la basse, dont les sonorités rondes et les lignes trapues, appuyée par une batterie multipliant - quoique sans ostentation - les détails afin de créer du volume. Que ce soit en rythmique ou en solo, la guitare ne se laisse aller à aucun excès de démonstration et préfère adopter une approche assez bluesy, avec un toucher de cordes plus subtil que ne le laisserait penser le style du groupe ; de surcroît, un harmonica vient renforcer cette senteur bluesy à plusieurs reprises. Quant à la subtilité, le constat vaut également pour la délicate incursion acoustique sur la première moitié de Slutet Av Tunneln.

Le groove tranquille qui prévaut majoritairement m'évoque le savoir-faire des grands ancêtres comme GRAND FUNK RAILROAD, BACHMAN TURNER OVERDRIVE ou même JAMES GANG. Cela dit, on apprécie tout autant quand, à la faveur des sept et quelques minutes de Hav Av Lögner, le quartette emballe quelque peu le tempo et met en place une montée en pression progressive presque épique, avec un solo incandescent de feeling. D'ailleurs, les formats longs semblent convenir à ABRAMIS BRAMA puisque le titre de conclusion, Ta Mig Tillbaka, culminant à 8'26, permet au groupe de développer une stance Blues Rock bien chaude, avec un duel guitare-harmonica et des paroles répétées ab libitum (effet hypnotique garanti !).

Pas exceptionnel par son ampleur ou sa puissance, le chant convient toutefois parfaitement à ce répertoire, de par son timbre clair et légèrement nasal. Qui plus est, les lignes de chant principales se trouvent fréquemment renforcées par des harmonies judicieuses ; peut-être un développement de cet usage des harmonies vocales représenterait-il une piste d'évolution future ?

Dernière précision, ABRAMIS BRAMA se plaît à proposer des reprises chantées en suédois de titres originellement en anglais. Ce fut le sort réservé par le passé à des compositions de THE PRETTY THINGS, Nina SIMONE et BLODWYN PIG ; cette fois-ci, c'est au tour d'un obscur groupe de Heavy Metal américain des années 80, ASHBURY, de voir le morceau Vengeance (tiré de son unique album de 1983, Endless Skies) transformé en Vägen ut. Anecdotique mais sympathique.

Se jouant des courants contraires ou porteurs, nos brèmes poursuivent avec une tranquille assurance leur petit bonhomme de chemin et cela leur réussit bien.

Vidéo de Vem är du ? : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 21 avril 2018