14 / 20
13/05/2018
Nobody's heaven
DI'AUL
 
DI'AUL est un quatuor italien qui a d'ores et déjà enregistré une démo (GV 12,31, 2010), un EP trois titres (And Then Came The Monsters, 2013), un premier album (Garden Of Exile, 2015). Nobody's Heaven prend donc la relève de ce dernier, avec une proclamation contenue dans la biographie : nous aurions droit à une jonction entre CROWBAR, ELECTRIC WIZARD et... KILLING JOKE ! Sans être saugrenue, la recette paraît au premier abord plutôt inattendue. Dès la première écoute, la référence la plus pertinente d'entre les trois s'impose comme celle de CROWBAR, avec une touche de Heavy Metal à la BLACK SABBATH qui peut effectivement faire penser aux enregistrements les plus récents de ELECTRIC WIZARD.

Qu'il s'agisse de Sludge poisseux ou de Heavy Metal dégénéré en Stoner Doom impie, il est encore et toujours question de riffs charbonneux, de lignes de basse épaisses, d'une batterie martelant sévèrement. Mais contrairement à trop de formations Sludge ou Stoner Doom, DI'AUL ne cherche pas à tout prix à saturer l'espace sonore en créant une muraille rythmique infranchissable et terrassante. On pourrait dire que le groupe a préféré opter pour un son à la fois plus compressé et, paradoxalement, susceptible de créer davantage de lisibilité pour chaque élément. C'est ainsi que les lignes de basse parviennent à insuffler un groove pesant dans un ensemble par ailleurs austère. De même, on profite à plein des solos de guitare, saturés, alternant assez simplement les notes tenues et les staccatos stridents.
Sur ses compositions les plus longues – Nobody's Heaven (7'45) et Mother Witch (8'04) – le groupe prend son temps en intégrant des introductions qui assurent une montée en puissance progressive et, par la suite, des imbrications de séquences simples, dont l'agencement apporte une tension dramatique efficace.

Reste à évoquer un élément non négligeable, qui contribue fortement à définir le son global de DI'AUL, mais qui peut aussi susciter des réserves : le chant. Les vocaux sont ici, sans surprise, rauques et porteurs d'une sombre menace. Pour autant, ils ne versent jamais dans la démesure caverneuse, pas plus que dans l'agressivité franche, demeurant toujours dans une approche rampante. Une approche qui convient bien avec la retenue instrumentale générale, mais qui crée une sorte de frustration. Les lignes de chant sont modulées mais elles n'explosent jamais, pas plus que les parties instrumentales d'ailleurs.

Cette absence d'explosion ou d'accélération (même relative) représente tout à la fois l'atout de DI'AUL et ce qui peut interloquer le public actuel. J'aurais tendance à rapprocher cette pratique un peu vicieuse de celle qui appartint à THE OBSESSED dès les années 80. L'univers de DI'AUL ne prend pas d'assaut les auditeurs, il les attire peu à peu, les obligeant à un effort. Une démarche intrigante, qui demande à être développée à l'avenir.

PS : je cherche toujours la validité de la référence à KILLING JOKE...

Vidéo de Low Est : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 13 mai 2018