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08/08/2018
Future slum
BACKWOODS PAYBACK
 
Originaire de Pennsylvanie, ce quatuor a déjà pondu quatre albums avant d'en arriver à Future Slum. Inutile de préciser que le groupe ne peut dorénavant se prévaloir de la fraîcheur de l'inexpérience ! Alors que plusieurs sites web cataloguent le groupe comme pratiquant du Stoner Doom, force est de constater que cette étiquette s'avère dorénavant inexacte, en tout cas insuffisante.

Certes, les dix compositions de Future Slum se trouvent joliment épaissies par des lignes de basse et les riffs de guitare adoptent globalement des tournures rebondies et âpres. Le chant aux intonations tour à tour traînantes et rageuses peut rappeler les œuvres de John GARCIA et consorts. Pour autant, plusieurs indices me conduisent à évoquer un autre référentiel, pas si éloigné que cela, mais un peu mal aimé depuis qu'il a dératisé les scènes Hard et Metal dans les années 90. Car oui, le goût développé par BACKWOODS PAYBACK pour les mélodies vocales paresseuses et pour les riffs lapidaires m'évoque le Grunge : un zeste du contraste si frappant entre fausse nonchalance et rage propre à NIRVANA, un goût pour les rythmiques épaisses combinées à l'urgence Rock qui caractérisait les premiers enregistrements de SOUNDGARDEN, un âpreté et une intransigeance que l'on louait chez SKIN YARD. Un Grunge remuant, abreuvé aux sources les plus acides et intransigeantes du Rock, avec de salvatrices connexions avec le Garage Rock et le Punk. Mais aussi un Grunge qui ne refuserait pas l'épaisseur du Heavy Metal (tel qu'il fut pratiqué par le jeune BLACK SABBATH, puis par PENTAGRAM et THE OBSESSED) ou, mieux encore, qui recouperait les tentatives inachevées du proto-Metal (BLUE CHEER notamment). Sur un titre aussi tendu que Generals, on relève même une urgence et une violence propres au Hardcore, tandis que les riffs crépitants et franchement menaçants de Alone relèvent à mon sens du Sludge le plus hostile.

Sans prétention mais avec une grande maîtrise, BACKWOODS PAYBACK déroule un répertoire un brin austère qui requiert des écoutes successives pour en saisir à la fois la force et les nuances. Au vu de l'illustration de la pochette, aux couleurs très psychédéliques, vous vous attendiez peut-être à un Rock plus bariolé et vaporeux ; en fait, il fallait davantage se focaliser sur le couteau brandi par le personnage que l'on devine plus membre de la bande à Manson que vrai hippie.
Alain
Date de publication : mercredi 8 août 2018