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10/11/2018
Wake
LEONOV
 
Pour rendre compte de la tristesse, du désespoir et de la mélancolie, les formations de Doom Metal recourent trop fréquemment aux seules rythmiques monstrueusement lourdes et aux vocaux caverneux. Le quintette norvégien LEONOV démontre avec aplomb et sensibilité que l'on peut procéder autrement, sans renier les fondamentaux du genre : lenteur, lourdeur et noirceur.

Or, LEONOV se fait fort de respecter ces trois préceptes, notamment en proposant des tempos inexorablement lents, des riffs granuleux et rêches sous tendus par une basse métallique, des ambiances spectrales. Pour autant, une fois que l'on a écrit ceci, on ne peut affirmer avoir rendu compte de la singularité de cette formation qui se fait fort de se démarquer sans déroger. Ainsi, concernant la lenteur et la pesanteur, il faut nuancer le propos en soulignant l'intelligent travail du batteur Jon-Vetle LUNDEN qui sait densifier son jeu et qui, même dans les moments les plus austères, parvient à introduire des complexités qui créent une animation bienvenue. De même, si les rythmiques du bassiste Morten KJELLING et des guitaristes Rune GILJE et Ole Jørgen REINDAL revêtent majoritairement des atours massifs et rugueux, il faut souligner leur capacité à introduire des motifs tout aussi lancinants, mais plus flottants, plus brumeux, davantage redevable au Rock gothique.

Et puis surtout, il y a le chant de Tåran REINDAL. Non pas qu'un chant féminin soit par essence un gage de qualité, mais ses lignes vocales très articulées, nimbées d'écho, produisent un effet spectral particulièrement expressif et significatif. Qui plus est, la chanteuse prend en charge des synthétiseurs par le truchement desquels elle prodigue ponctuellement un surcroît d'ambiances fantomatiques.

A mon sens, Wake doit être abordé et écouté d'une seule traite, comme un tout intangible. Pour autant, il faut souligner que LEONOV écrit deux types de morceaux : les formats aux durées raisonnables (trois morceaux oscillant entre cinq et six minutes) et ceux nettement plus imposants. Dans cette dernière catégorie, nous trouvons Shem (10'50 au compteur) et le titre éponyme (pas moins qu'un quart d'heure) ; à la clef, nous découvrons un groupe audacieux dans ses ambiances pour le premier titre cité, particulièrement mélodique et mélancolique pour le second.

Terminons cette chronique par une notation personnelle. Qualitativement, Wake me fait un effet analogue à celui que produisit dans mon esprit encore romantique le fameux Mandylion de THE GATHERING en 1995. Si vous ne comprenez pas, alors je ne peux vraiment plus rien pour vous...

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Alain
Date de publication : samedi 10 novembre 2018