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27/03/2019
I: cold
ARS ONIRICA
 
Jusqu'à présent, la carrière du groupe italien ARS ONIRICA avait été heurtée, avec une première période d'existence en 2003 et 2004 qui donna lieu à une démo baptisée Utopia : A Winternight's Traveller. S'ensuivit un hiatus jusqu'en 2018, année qui vit la résurrection de la formation romaine, avec à la clé ce premier album laconiquement intitulé I: Cold. Du fait de ce parcours chaotique, ARS ONIRICA peut encore prétendre à bénéficier de la mansuétude généralement accordée aux jeunes formations.

Force est de constater que cette longévité contrariée a de fait permis au groupe d'accumuler les sources d'inspiration, sans se résoudre le moins du monde à trop dépendre de l'une d'entre elles. S'il fallait toutefois désigner une influence ou une source d'inspiration majeure, nous opterions pour le Doom Death des années 90. En effet, ARS ONIRICA maîtrise complètement les ondes de lenteur (relative), de pesanteur (raisonnable), de guitares accordées dans les graves, de raucité vocale (parfaitement maîtrisée et articulée), de rugosité rythmique (contenue).

Il n'empêche que, retenant les leçons que les aînés auront mis parfois des décennies à apprivoiser, ARS ONIRICA prend perpétuellement soin de préserver une trace mélodique. Cela dit, dit, il faut que justice davantage soit faite au potentiel accrocheur du groupe, plutôt qu'à ses détails. Certes, les riffs accrochent de manière granitique, certes les vocaux écorchent le fond de la gorge, certes les tempi suivent le pas de la lenteur, certes la batterie martèle sèchement le temps qui s'écoule...

Mais comment ignorer les motifs de guitare électrique mélodique, les passages de guitare acoustique, les plages à vocation atmosphérique, les moments où les vocaux se font clairs et presque fragiles ? Tous ces éléments porteurs de subtilité et d'émotion se trouvent par ailleurs fort correctement mis en exergue par un son général clair, percutant, vibrant et de fait loin des canons glacés de l'ère numérique.

Un paramètre supplémentaire enrichit l'équation, à savoir la durée conséquente de plusieurs titres (entre huit et plus de onze minutes) dont les structures riches en changements (de rythmes,de tempos, d'ambiances) confèrent au tout une dimension progressive idéale pour installer une dramaturgie complexe et contrastée.

Enfin, dernière touche, le Black Metal point son museau teigneux au gré d'accélérations, de riffs en trémolos et de certains vocaux plus aigres, plus hargneux et agressifs. Au total, on pourrait évoquer un Dark Metal riche, dense et somme toute ambitieux, dont on aimerait connaître assez rapidement les futurs développements dans le cadre d'un second opus.

Vidéo de In Between cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 27 mars 2019