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31/03/2019
Blind scryer
BLIND SCRYER
 
En matière de musique comme d'art en général, les étiquettes ont pour fonction essentielles, non pas de cantonner des groupes à un périmètre trop restreint, mais bien de proposer des points de repères aux auditeurs potentiels, lesquels sont en permanence confrontés à des centaines de nouveautés. Et bien souvent, les groupes reprochent à leurs maisons de disques et aux critiques d'user et d'abuser de ces étiquettes. Seulement, dans le cas présent, c'est plutôt moi qui me trouve dubitatif face à l'étiquette retenue par le groupe lui-même.


BLIND SCRYER
est un quintette originaire du plus profond des Etats-Unis, à savoir Louisville, Kentucky. Et ces jeunes gens velus revendiquent l'appellation Stoner Rock. Jusque-là, tout va bien. Sauf qu'à l'écoute de ce premier album auto-produit, j'ai cru m'être trompé dans les fichiers mp3 ! Pourquoi ? Parce que je ne retrouvais guère l'épaisseur rythmique propre au Stoner, avec ces riffs comprimés et ces lignes de basse grondantes si caractéristiques. Et que dire du différentiel entre les registres vocaux ayant cours dans les déclinaisons du Stoner (entre copies de John GARCIA et grondements d'ursidés colériques) et le registre de Blair YOKE, chanteur attitré de BLIND SCRYER ?! Le bonhomme a développé une approche en registre clair, avec un timbre nasal et une capacité à moduler avec aisance et puissance entre médium et aigus.

Les choses auraient été différentes si BLIND SCRYER avait opté pour une production et un mixage typiquement Stoner ; au lieu de quoi, ses compositions inspirées par le Hard 70's et animées d'un groove élastique faussement nonchalant bénéficient du son général de l'album qui demeure relativement clair, puissant et direct, privilégiant le feeling à toute démonstration musculeuse. Sur des lignes de basse confortablement épaisses, des riffs nettement dessinés assurent une ponctuation sèche, les guitares sachant de montrer plus bluesy en solo. La préférence pour des tempos médium et lents permet d'imposer une tension sous-jacente, de mettre en place une ambiance rampante qui mute en tendance subtilement Doom (par exemple sur le titre Delta V). Les deux premiers morceaux, Ride The Sun et Snake Handler, dégagent même un parfum Hard 70's, un peu à la manière du titre Stranglehold de Ted NUGENT.

En somme, l'intérêt de la musique de BLIND SCRYER est qu'elle synthétise plusieurs styles – Hard 70's, Heavy Metal classique, quelques touches Doom, des accointances Stoner si on insiste – au service de ses propres compositions, lesquelles se distinguent de la masse, notamment grâce à ce chant si personnel.
Alain
Date de publication : dimanche 31 mars 2019