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12/04/2019
Lizard skin
SLUSH
 
SLUSH est un trio originaire de Brooklyn, qui avait déjà commis en 2016 un premier album intitulé American Demons. Lizard Skin prend la suite, auto-produit par des musiciens dont on comprend très rapidement qu'ils n'ont cure de se situer dans les canons musicaux en vogue actuellement. Leurs influences sont bien davantage à chercher du côté du Blues primitif, du Rock le plus rêche et du Folk le plus dépouillé. Une simplicité dans les moyens qui se retrouve à l'identique dans des compositions qui, qu'elles soient rageusement électriques ou acoustiques, demeurent toujours très lisibles et directes dans leurs structures.

N'allons pas en déduire que cette simplicité presqu'archaïque dans un contexte Rock se traduit par une musique facile à appréhender. Ici, les riffs de guitare sont épais et crépitants, lugubres comme du Tony IOMMI à ses débuts. Non pas que SLUSH s'inscrive le moins du monde dans l'univers du Heavy Metal mais il patauge dans le même marigot originel, à savoir celui du Blues basique confronté aux possibilités tout aussi dépouillées de la saturation électrique. Hormis dans son versant acoustique et Folk, ce Blues-ci s'avère immanquablement rampant, hostile, maladivement obsédant, comme plongé dans un bain de Sludge boueux.
Quand le trio anime quelque peu les débats avec un format Rock plus tranchant sur le titre Megalodon, les rythmiques s'animent d'un groove épais mais le rendu d'ensemble demeure malsain : pour s'en convaincre, il n'y a que se frotter au solo de guitare d'un psychédélisme grinçant et dissonant !

Les deux dernières compositions de l'album marquent une démarcation notable par rapport au reste des compositions. Cortex The Killer (clin d'oeil au morceau Cortez The Killer de Neil YOUNG, influence déjà relevée sur le titre éponyme) débute lentement en mode acoustique et instrumental, avant que des cordes se glissent à mi-parcours dans un ensemble qui s'intensifie au gré de psalmodies vocales psychédéliques en diable : un peu comme si l'Americana fusionnait avec le VELVET UNDERGROUND période John CALE.

En clôture d'album, On The Silver Globe fait office de monstre, tant par sa durée (plus de douze minutes) que par ses rythmiques pachydermiques, par ses guitares follement hystériques en seconde partie de morceau. Là, c'est plutôt le fantôme de BLUE CHEER qui entre en collision avec les inconforts maîtrisés du Post Rock !

Vous l'aurez compris, Lizard Skin n'est pas un album facile d'accès mais il est le fruit d'un travail sincère et intègre.
Alain
Date de publication : vendredi 12 avril 2019