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10/06/2019
Redshift city
THERMATE
 
Après avoir livré deux EP, Off To Hades et Black Desert Highway, le combo finlandais THERMATE affronte l'épreuve de vérité que constitue tout premier album. Avant même d'avoir entendu la moindre note de musique, on est positivement impressionné par la fière allure qu'a l'illustration de Redshift City ! Paradoxalement, cette invitation à plonger dans un univers de Fantasy spatiale peut pour partie induire en erreur ; en effet, la musique de THERMATE s'avère plus terre-à-terre que ne laisserait penser ce paysage de cité brumeuse baignant dans les brumes et une lumière rougeâtre.

L'assise fondamentale des compositions de THERMATE consiste en lignes de basse épaisses mais souples, aux sonorités métalliques mais grondantes, sévères autant que pourvoyeuses d'un groove profond. En la matière, on se situe nettement dans la continuité des pratiques des Geezer BUTLER (BLACK SABBATH), Mike DEAN (CORROSION OF CONFORMITY), Scott REEDER (KYUSS). Rendues très présentes par un mixage puissant mais limpide, ces reptations paradoxales de la quatre cordes – on songe fréquemment à du magma épais en ébullition - permet au batteur de poser un jeu certes intense mais à la frappe plus subtile qu'il n'y paraît. D'où une animation rythmique à la fois imparable et vivante.
Sur cette trame, les deux guitaristes n'ont plus qu'à combiner des riffs crépitants, des plans gémellaires excitants et mélodiques, et des solos qui n'oublient jamais un gouleyant feeling bluesy. Une fois de plus, le patrimoine de la première partie des années 70 et ses déclinaisons (Sludge, Stoner) ne peuvent être balayées d'un revers de la main.
Pour autant, les artificiers de THERMATE s'emploient à dynamiser ces influences par le truchement de ce gros son organique qui fait écho à une époque qui n'apprécie pas trop les ruptures d'intensité.

Histoire de respirer et de laisser le groove jouer à plein, THERMATE privilégie les tempos lents ou médiums, au fil de formats majoritairement conséquents - quatre des six compositions s'étageant entre et neuf minutes. Dans un ordre d'idée analogue, les vocaux demeurent imparablement clairs, à peine rauques, très articulés, sonnant comme une fusion entre les larynx de James HETFIELD (post 90's) et Pepper KEENAN (CORROSION OF CONFORMITY au micro et à la guitare, DOWN à la guitare).

En somme, ni la puissance, ni la mélodie, ni la structure ne cèdent un pouce de terrain, chaque dimension s'additionnant aux autres pour offrir une proposition globale puissante, animée de pulsations épaisses et lourdes, transcendée par des courants plus mélodiques et bluesy. L'avantage d'une telle formule est qu'elle est susceptible de fédérer les fans du Black Album, ceux de CORROSION OF CONFORMITY et DOWN, les mordus de Stoner, voire les nostalgiques d'un Grunge marqué par le Metal.

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Alain
Date de publication : lundi 10 juin 2019