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30/11/2019
In amber
DENNER'S INFERNO
 
Pour les trépanés du bulbe et la nouvelle génération, rappelons que le guitariste danois Michael DENNER fut, au côté de son compère Hank SHERMANN, responsable du son de guitares si particulier du mythique MERCYFUL FATE, entre solos funambulesques, riffs lugubres et rythmiques alambiquées. Le mini-album éponyme, Melissa (1983) et Don't Break The Oath (1984) en témoignent à jamais. Il prit également part de fort belle manière aux deux premiers albums de KING DIAMOND, le splendide Fatal Portrait (1986) et le classique Abigail (1987). Quand MERCYFUL FATE se reforma dans les années 90, il participa brillamment aux albums In The Shadows (1993), Time (1994), Into The Unknown (1996), avant de quitter à nouveau le groupe.

Hormis quelques projets de moindre envergure, il se rappela au bon souvenir du public en reconstituant le tandem sulfureux avec Hank SHERMANN au sein du groupe DENNER / SHERMANN, avec à la clé un EP quatre titres, Satan's Tomb (2015) et un album, Masters Of Evil (2016).

Aussi, quelle ne fut pas notre surprise de constater que Michael DENNER ne fait pas partie de la seconde reformation de MERCYFUL FATE annoncée cette année, et ce, à son corps défendant. Pour se consoler, le guitariste publie le premier album de son nouveau projet, DENNER'S INFERNO, qui vise tout à la fois à prouvé que le soliste est encore capable de faire des étincelles et qu'il est capable de rendre hommage à ses influences des années 70. Concernant la première assertion, l'album se trouve effectivement ponctué de solos au style reconnaissable : mélodiquement construits, techniquement incisifs, dégageant systématiquement une aura dangereuse. De même que l'on entend ces riffs nerveux et tordus.

Pour ce qui est de la seconde assertion, In Amber comporte effectivement plusieurs compositions plus mélodiques, discrètement animées par un groove tranquille. Taxman (Mr Thief) sonne un peu comme du FOREIGNER originel, avec un arrière fond rythmique à la BAD COMPANY. Sometimes marie guitare solo incendiaire, groove sinueux et chant chaleureux. Sur une rythmique sautillante, le mid-tempo Loser s'essaye au Hard Rock générique, tel qu'il fut adulé à la fin des 70's et au début des 80's.

Le patrimoine Heavy Metal affiche quant à lui une présence majoritaire, avec comme moments saillants le lourd et menaçant Fountain Of Grace, le groove épais, urgent et nerveux de Veins Of The Night, le progressif et inquiétant Pearls On A String.On sent tout à fait la signature MERCYFUL FATE-KING DIAMOND, cependant transposée dans un contexte rythmiquement plus souple, plus diversifié.

Alors, qu'est-ce qui fait que In Amber est et demeurera un album sympathique mais certainement pas essentiel (pour le public, ses géniteurs ayant parfaitement le droit de le considérer comme primordial !). Si les bonnes idées sont bien présentes, elles évoluent dans un contexte globalement peu inspiré. Quoique solide, l'interprétation manque tout à la fois d'inventivité et de passion. Remarque applicable aux compositions, dont on perçoit souvent le potentiel, hélas rarement pleinement réalisé. Peu travaillés, voire maladroitement mis en place, les arrangements ne peuvent pallier ces compétences empêchées. Enfin, si le son s'avère clair, on peut déplorer que le mixage manque de relief, l'ensemble pêchant par manque de puissance et de profondeur.

Il n'y a rien là d'infamant, juste la certitude que Michael DENNER demeure un excellent soliste, qu'il possède de surcroît une réelle capacité à proposer des pans de compositions marquants, toutes qualités bien réelles mais qui, faute de partenaires à la hauteur, ne rencontrent pas l'émulation collective qui les tireraient vers le haut. Contrairement à ce que pouvait soutenir un alchimiste médiéval (ou King Diamond !), le plomb a fort peu de chance de se muer en or.

Vidéos de Fountain Of Grace cliquez ici et de Sometimes cliquez ici.
Alain
Date de publication : samedi 30 novembre 2019