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21/02/2020
School of hard knocks
Biff BYFORD
 
Plus de quatre décennies après avoir réalisé ses premiers pas discographiques (le premier album de SAXON vit le jour en 1979), le chanteur Biff BYFORD publie son premier album solo. Véritable pièce maîtresse et figure de proue de SAXON, notre gaillard a encore et toujours misé sur le collectif, sur le groupe, quels que soient les revers de fortune. Sans faire de psychologie de comptoir, il s'agit sûrement pour l'attachant vocaliste de s'assumer pleinement, sans bénéficier de l'aura de sa formation, fermement installée dans le panthéon du Metal, à défaut d'avoir jamais atteint de sommets de popularité. D'ailleurs, il n'est sûrement pas anodin de relever que Biff BYFORD a tenu à produire son propre album, démarche risquée, même si le producteur Andy SNEAP a visiblement apporté soutien et conseils.

Venons-en au contenu de School Of Hard Knocks. Pour avoir attendu aussi longtemps, on pouvait se demander si Biff avait censuré pendant de si longues années une part de son inspiration. Soyons clair, si les onze compositions de cet album étaient paru sous la bannière de SAXON, les fans auraient sûrement été grandement surpris... sans être totalement déroutés.

Commençons par la part de ce disque qui, finalement, surprend fort peu et a donc de fortes chances de s'attirer les faveurs des amateurs de SAXON. En ouverture, Welcome To The Show assure et rassure : Biff en solo pratique encore et toujours de Hard Rock fier, musculeux mais toujours mélodique ; voilà un morceau qui pourrait figurer parmi les compositions sympathiques, pas essentiels d'un album de SAXON. Le titre éponyme poursuit dans une veine Hard teigneux, à base de tempo médium, de riffs à la AC/DC, de rythmiques carrées, de ce chant nasal et voilé, viril et fier. On vire même au Heavy Metal sévère avec Worlds Collide, Hearts Of Steel et Pedal To The Metal, qui ne dépareraient pas sur un album de JUDAS PRIEST... ou de SAXON !

Si l'on s'en tient à ce versant de l'affaire, on ne comprend pas bien ce qui a empêché Biff de caser les compositions en question sur un album de son groupe ! Fort heureusement, le gaillard prend soin de livrer d'autres facettes de sa personnalité artistique. Présent sur le premier album de SAXON, refaisant rarement surface par la suite, le penchant pour le Rock progressif se trouve bien représenté, tout d'abord avec le tandem inspiré d'Edgar Allan POE : Inquisitor (texte déclamé d'une voix lasse sur fond de guitare acoustique) et The Pit And The Pendulum (Heavy Metal racé, animé d'un souffle épique bienvenu, avec break acoustique inclus). Surtout, Biff se permet une reprise risquée du délicat Throw Down The Sword de WISHBONE ASH (originellement paru sur l'album Argus en 1972), présenté ici dans une version plus musclée mais respectueuse de la finesse et de la sensibilité originelle.

En clôture d'album, la ballade Heavy Black And White montre la sensibilité du bonhomme, laquelle devient carrément flagrante sur l'acoustique Me And You, dans la droite lignée de Bruce SPRINGSTEEN (solo de saxophone et nappes d'orgue inclus !), ainsi que sur l'adaptation du morceau traditionnel Scarborough Fair (popularisé en 1966 par le duo SIMON & GARFUNKEL). Dans ces contextes plus nuancés, le timbre voilé, comme usé, révèle des pans touchants de la personnalité du sieur BYFORD, qui ne saurait se résumer au frontman hâbleur que l'on connaît. A mon sens, c'est bel et bien cet aspect là du talent de Biff BYFORD qui justifie pleinement un album solo !

A propos de solo, Biff BYFORD n'a pas tout réalisé seul, il s'est entouré d'une équipe solide, au premier rang de laquelle figure de guitariste Fredrik ÅKESSON, actuellement en activité chez OPETH, mais ayant prouvé sa versatilité lors de ses prestations pour TALISMAN (Hard Rock mélodique) ou KRUX (Doom Metal). A eux deux, ils ont composé ou arrangé quatre titres. Les collègues de SAXON n'ont pas pu s'empêcher d'intervenir, le bassiste Nibbs CARTER en cosignant deux morceaux, le guitariste Paul QUINN en faisant de même à une reprise. Biff BYFORD affichant sa seule signature sur trois plages uniquement.

Pas une révélation, pas une déception non plus, School Of Hard Knocks s'impose comme un album varié, plaisant, sympathique, qui transpire la sincérité de son auteur et interprète principal. Si seulement cela pouvait inciter le chanteur à introduire davantage de variété et de surprise dans les enregistrements de son groupe principal !

Vidéo de Scarborough Fair cliquez ici et de School Of Hard Knocks cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 21 février 2020