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17/03/2020
Obstacle
HOWARD
 
Je commence à avoir un léger souci avec l'emploi un peu trop systématique de l'appellation Stoner. A mon sens, tout groupe développant des rythmiques épaisses et groovy ne relèvent pas forcément de ce genre musical. Dans le même ordre d'idée, tout groupe insufflant une dose de psychédélisme dans son Rock ne le fait pas pas automatiquement verser dans le chaudron du Stoner. Or, HOWARD, trio français, nous parvient attifé par son label d'une triple qualification : Stoner Rock psyché. Or, les influences de combo apparaissent plus anciennes, plus diverses que ça, le Stoner, loin d'être une marque d'infamie, représentant souvent une clé d'entrée dans des univers plus reculés : ceux du Rock psychédélique, du proto Hard, du Hard et du Heavy des 70's, du Space Rock. A priori, je valide ce scénario concernant HOWARD.

Le trio fut une formule relativement peu usitée mais souvent impressionnante dans les genres et sous-genres qui nous intéressent. Songez à l'EXPERIENCE et au BAND OF GYPSYS de Jimi HENDRIX, à CREAM, aux débuts respectifs de BLUE CHEER, ATOMIC ROOSTER,
JAMES GANG ou MOUNTAIN, à MOTÖRHEAD bien sûr, ou à RUSH, ELP ou UK du côté technique du Rock progressif. Loin de sonner trop légèrement, les trois compères de HOWARD ont pioché dans ce vaste patrimoine pour offrir une combinaison de rythmique lourdes et tranchantes d'une part, d'une mobilité rythmique salutaire d'autre part. Et pourtant, le gain de lourdeur et d'épaisseur n'était a priori pas évident, le groupe ayant l'originalité de ne pas compter de bassiste dans son effectif ! Outre des riffs sévères et granuleux balancés par JM CANOVILLE, ce sont bel et bien les interventions saturées de l'orgue de Raphaël JEANDENAND qui assurent à la fois un effet de volume conséquent et ce rendu brumeux. Au sujet de l'orgue, on songe immanquablement aux partitions les plus énervées du défunt Jon LORD au sein de DEEP PURPLE, les élucubrations classicisantes en moins.

Une bonne dose de nervosité se trouve injectée par les interventions solos de la guitare, parfois en slide, souvent acides, jamais démonstratives. Derrière tout ceci, Tom KARREN sollicite fûts et cymbales avec ce sens de la mobilité qui prévalut dans un certain Rock de 1965 à 1975. Des arrangements de type Space Rock viennent de surcroît pimenter un ensemble qui alterne puissance et moments plus tempérés. Percutant et expressif, le chant assuré par JM CANOVILLE n'atteint cependant pas le niveau d'intensité de l'univers instrumental ; rien de rédhibitoire cependant...

Loin de constituer un quelconque obstacle, ce premier opus regorge d'un Rock d'obédience 70's, chaud et remuant, également subtil quand cela s'avère nécessaire. Voilà ce qu'on appelle un bon début.

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Alain
Date de publication : mardi 17 mars 2020