18 / 20
01/04/2020
Inverno
CRIMSON DAWN
 
Bien que formé lors de la seconde moitié des années 2000, ce sextette lombard n'a produit son premier album, In Strange Aeons..., qu'en 2013. Chronicles Of The Undead Hunter suivit en 2017, Inverno venant splendidement confirmer ce début de discographie. CRIMSON DAWN manie en effet avec une expertise rare un Heavy Doom épique, genre dont on ne peut esquiver les exigences en recourant à des rythmiques cyclopéennes, à des grondements d'ours enroué, à des tempos tellement lents qu'on les croirait immobiles. Dans ce cas de figure, il s'agit avant tout de reprendre à son compte des éléments du Heavy Metal traditionnel et de les orienter en majeure partie vers une plus grande lenteur et davantage de pesanteur, le tout en créant et en entretenant des ambiances tristes mais également portées vers l'élévation des âmes. En conséquence de quoi, les riffs doivent être identifiables, les parties solos des guitares ne peuvent échapper à une construction dramatique et à une charge mélodique, la section rythmique doit pouvoir alterner en souplesse passages pesants et plages plus nerveuses et enlevées. En que dire du chant, s'il n'est pas ample, puisant, évocateur ?!

Vous l'aurez compris, les membres de CRIMSON DAWN savent parfaitement transcender le Heavy Metal à la BLACK SABBATH (période DIO) pour lui conférer un petit air de CANDLEMASS, histoire de donner des points de repère. Cependant, il ne faut pas s'y tromper : si CRIMSON DAWN relève indéniablement d'un parfait classicisme, le groupe n'en a pas moins su se forger une griffe toute personnelle. En premier lieu dans ce positionnement juste à la frontière entre Heavy Metal et Doom Metal ; par moments, le versant pesant de celui-ci l'emportera, tandis que le tranchant et les tempos plus vifs du Heavy Metal prennent totalement leur place.
De surcroît, il y a également la présence à part entière de claviers, dont le rôle s'avère polyvalent : servis en nappes, ils rehaussent les ambiances grandioses, mais ils peuvent également prendre des tonalités vintage à la Jon LORD ou Ken HENSLEY. Riche idée qui, outre l'héritage des années 80, convoque celui de la décennie 70.
Enfin, CRIMSON DAWN affiche avec fierté sa nationalité à une reprise, en optant pour un chant en italien sur le titre éponyme, avec un résultat bluffant.

Outre les qualités stylistiques et les performances dans l'interprétation, CRIMSON DAWN possède en outre un réel talent d'écriture et d'arrangements, sachant aussi bien pondre des rythmiques et des riffs efficaces que concocter des plages plus nuancées (en la matière, on songe au doigté d'un FATES WARNING). Sans compter les lignes de chant très travaillées et les refrains imparables.
N'en jetez plus, Inverno s'impose comme une totale réussite acquisition obligatoire !
Alain
Date de publication : mercredi 1 avril 2020